( (
I
PUBLICATIONS DE L’INSTITUT PASTEUR
Service de Parasitologie agricole
Les Campagnols
]. DANYSZ
LAVAL
L. BARNÉOUD & C% IMPRIMEURS
<i:'f
Les Campagnols
PUBLICATIONS DE L’INSTJTUT PASTEUR
Service de Parasitologie agricole
Les Campagnols
J. DANYSZ
LAVAL
L BARNÉOUD & 0% IMPRIMEURS
1913
1
i
•*1
INTRODUCTION
LKS CAMPAGNOLS (miCROTINÆ)
De tous les petits rongeurs (jui causent des doniniages à Tagri-
eullurc, les caiiipaguols sont les plus nomhreux et les plus
réj)andus.
On les trouve dans tous les pays de la zone tem2)crée de l’hémi-
splière nord aussi bien dans les plaines et inêinc dans les bas-fonds
marécageux que sur les plus hauts plateaux des montagnes, dans
les cliamps cultivés et dans les prairies, partout en un mot où la
nature du sol leur permet de creuser des galeries souterraines.
La pluj)art de ces rongeurs et notamment les espèces qui babi-
tent les ])laines cultivées vivent, en ellèU dans des galeries creu-
sées sous terre parallèlement à la surface du sol à une ])rofondeur
qui ne déjnassc qu’exccptionncllement 10 à 15 centimètres. On les
découvre donc facilement en labourant les champs à la charrue.
Ces galeries, percées de regards de place eu place, sont rami-
fiées dans tous les sens sans plan spécial et comjnuniqucnt les
unes avec les autres, de sorte (pi’elles forment un réseau continu
où les campagnols peuvent se déplacer sur de grandes étendues
sans sortir de terre.
La surface des chaiîips envahis par les campagnols est égale-
ment sillonnée en tous sens par un réseau de sentiers qui, s’il ne
correspond pas exactement au réseau des chemins souterrains, en
<lonne une parfaite image.
Le long de galeries souterraines on trouve de place en place des
excavations un peu plus profondes dont les unes servent de nids,
les autres de magasins dans lesquels les campagnols amassent
des réserves de grains ou de racines pour la mauvaise saison.
Danysz
1
CHAI'ITRE PREMIER
C.ARACTÈRKS ZOOLOGIQUES ET ELASSIFICATION
Iléunis d’abord dans le seul genre Arvicola, les campagnols sont classés
aujourd’hui dans la famille des mnridés et constituent la sous-famille des
Microlinœ comprenant quatre genres : Ecolomijs, Microtus, Pili/mi/s et
Arvicola.
Nous n’entrerons pas dans les détails de cette classification que l’on trou-
vera dans des ouvrages spéciaux (1) et notamment dans l’excellent « cata-
logue des mammifères d’Europe » de E. Trouessart, professeur au
-Muséum d’Ilistoire naturelle.
11 nous suffira d’indiquer ici les principaux caractères qui permettent
de distinguer h première vue les campagnols de tous les autres petits ron-
geurs qui vivent dans les champs et qui, bien que nuisibles, comme tous
les rongeurs en général, sont infiniment moins dangereux pour l’agricul-
ture que les campagnols proprement dits.
Par la forme de son corps, un campagnol ressemble plutôt à une taupe
qu’(à une souris ou un rat. 11 est presque régulièrement cylindrique, très
bas sur pattes, terminé en avant par une tète forte, à museau court et en
arrière par une queue poilue et, elle aussi, relativement très courte.
Le rapport entre la longueur du corps et de ta queue constitue le carac-
tère le plus commode pour distinguer les quatre genres. Les P i/limi/s sont
caractérisés par les queues les plus courtes, elle dépasse rarement le quart
de la longueur du corps. Chez tes Microtus ce rapport est de 1 à 3 ; chez
les Ei'otomijs et les Arvicola la longueur de la queue atteint et dépasse quel-
quefois la moitié de la longueur du corps de l’animal.
En France on connaît 23 espèces de campagnols dont 3 appartiennent
au gr. Evolomys, 6 au gr. Microtus, 10 au gr. Pilijmys et 4 au gr. Arvicola.
Nous en donnons une courte description d’après Trouessart.
Evotomys VA.SCONMÆ, Miller. — Longueur, corps et tète, 160 mm. ; queue
52 mm. ; pied 18,5 ; crilne 23,0 X 14 mm.
I*elage : Raie dorsale d’un rouge ferrugineux, mat délimitée, côtes et
— 4 —
flancs rouge-brun. Dessous d’un gris-châtain pâle. Pieds plus clairs. Queue
finement poilue, l)icolore, foncée dessus, blanchâtre dessous.
IJabilat : Sud-Ouest (Hautes-Pyrénées).
Evoto.mys glaheolus, Schreber. — Longueur corps et tête 134 mm. ;
queue 47 ; pied 18,3 mm.
Pelage : L’aire dorsale rouge cannelle foncé. Côtés des joues et flancs
brun-flave, ventre gris-flave. Queue nettement bicolore, brun foncé dessus,
blanc sale dessous. Pieds blancs, lavés de brun. Oreilles de la couleur du
dos avec quelques poils blancs en arrière.
Habitat : Nord-Est surtout dans les forêts.
Evotomys glaheoi.l’s helveticus, Miller. — Longueur, corps et tête,
93.4 mm. ; queue 44,6 ; pied 17,9 : crâne 22,2 X 13,6 mm.
Pelage : Aire dorsale de couleur noisette fortement mêlée de gris, mal
définie, s’étend des yeux à la base de la queue. Flancs et joues châtain-
écru, finement parsemé de noir. Face plus foncée que les joues. Ventre
gris-blanchâtre. Queue bicolore, presque noire dessus, blanc flave dessous.
Pieds blancs. Oreilles de la couleur du dos, avec une touffe de poils blan-
châtres à leur base en arrière.
Habitat : Toute la contrée basse entre les Alpes et le Jura.
Microtus auvalis, Pallas (Syn. Arvicola arvalis Sélys). — Longueur,
corps et tête, 98 à 110 mm. ; queue 30 mm. ; pied 17 à 18 mm.
Pelage : Dessus brun -jaune avec la base des poils d’un gris ardoisé pres-
que noir, ventre et pieds d'un gris blanchâtre sans ligne de démarcation
sur le ventre. Queue faiblement bicolore, brunâtre dessus, blanchâtre
dessous. Oreilles velues dépassant peu les poils.
Habitat : L’espèce la plus répandue. On la trouve presque partout dans
les plaines et même sur les hauteurs du centre.
Microtus arvalis jmeridianus, Miller. — Longueur, tête et corps,
1 1 6 mm. ; queue 32; pied 16 mm. Semblable au tj'pe précédent, mais
d’une coloration beaucoup plus pâle.
Habitat : Basses-Pyrénées.
Microtus acrestis, Linné (Arvicola agvestis Sélys). — Longueur, tête et
corps, 113 à 130, parfois 160 mm. ; queue 2a à 40; pied 17 à 20; crâne
27.5 X 17 lum.
Pelage: Dos d’un brun-grisâlre plus clair sur les flancs; ventre d'un
blanc pur assez nettement séparé de la couleur du dos. Pieds d’un blanc
brunâtre ou grisâtre. Queue nettement bicolore, brun foncé dessus, blan-
châtre dessous. Oreilles velues dépassant nettement le pelage.
Habitat : Nord de la France, plaines.
Microtus acirestis neguîctus, Jenyns. — Longueur, corps et tête, 90 à
123 mm. ; queue 23 à 33 ; pied 14 à 18; crâne 25 X 19 imi'-
DilTère peu de M .arvalis; s’en distingue pourtant par une teintejaunàtre
du pelage sur le ventre au lieu de gris-blanc.
Habitai : Très commun partout comme le M. arvalis.
.Miciiotus (Cuiono.mys) nivalis aquitanius, iMiller. — Longueur, corps
et tète, 1 1 1 mm, ; queue 59 ; pied 21 mm.
Pelage : D’un gris de fumée en dessus, fortement lavé de bistre sur le dos
et souvent de jaune pâle sur les lianes ; ventre blanchâtre ; pieds et queue
blanchâtres, celle ci non nettement bicolore.
Hnhilal : Pyrénées-Orientales, Ariège, Hautes-Pyrénées.
Microtus (Chio.xomys) LEmiuxi, Crespon. — Longueur, tète et corps,
122 mm. ; queue 66 ; pied 18,8 ; crâne 27,4 X 15 mm .
Semblable â M. nicalis, s’en distingue par une queue entièrement
blanche.
Habilal : Dép. du Gard.
Micitorus (CuioNü.MYs) Lebrum ceucuuus. Gerbe. — Longueur, tête et
corps, 120 mm. ; queue 68 ; piofl 19 mm.
Pelage : Dos d’un gris de fumée pâle légèrement lavé de brun.
Habitai : Basses-Alpes, dans les rochers.
PnY.MYs suBTERRAXEus, Sélys {Avv. subterraneus Sélys). — Longueur,
tète et corps, 82 mm. ; queue 24 ; pied 20 mm.
Pelage ; Dessus d’un gris noirâtre, gorge cendrée ; dessous blanc avec la
base des poils cendrée. Pieds d’un cendré foncé. Queue noirâtre dessus,
blanchâtre dessous. Oreilles presque nues. Yeux très petits (moitié plus
petits (jueceux à.'arvalis).
Habilal : Mêmes régions que le M . arvalis.
PiTY.MYs suBTEiiBAXEUs cAPUcixu.«, .Miller. — Lougueui', tète et corps,
102 mm. ; queue 33 ; pied 15 mm. ; crâne 23,4 X 13,3 mm.
Semblable au précédent mais plus grand sur des pattes plus courtes.
Habitai : Puy-de-Dôme (Mont Dore).
PiTY.MYs Gebbei, Dc l’isle. — Longueur tête et corps 95 mm. ; queue 28 ;
pied 17 ; crâne 22,5 â 23,5 X 13,5 à 14 mm.
Pelage : Dessus d’un ferrugineux obscur ; dessous gris ardoisé, les deux
couleurs se fondant insensiblement; museau noirâtre. Oreilles petites, ova-
les, poilues, mais laissant voir la couleur chair, cachées par le pelage.
Queue brune dessus, cendrée dessous. Pattes minces à ongles grêles d’un
gris-bi‘un. Veux très petits.
Habilal : Vendée.
PiTY.MYs SÉLYsii, Gerbe. — Longueur, tèteet corps, 100 mm. ; queue 40 ;
pied 18 ; crâne 23 X 11 mm.
Pelage : Dessus d’un brun ferrugineux; dessous d’un blanc cendré pâle
assez nettement séparé de la couleur du dessus par une ligne un peu plus
claire. Le blanc du dessous remonte jusqu’aux narines, traverse les épaules
et teint légèrement la face antérieure des cuisses. Les pieds sont d’un
— 6 —
Blanc cendré. Les oreilles courtes brunes velues. La queue brune dessus,
jaunâtre dessous avec un petit pinceau terminant d’un blanc sale. Yeux
très petits.
Habilat ; Dép. du Var (Montagnes de Barcelonnette jusqu'à 2.000 m,
d’alt.). Sud-Est de la France.
PiTYMYs Savii, Sélys. — Longueur tête et corps 90 mm. ; queue 23 ; pied
18 mm. ; crâne 23 X 15.
Pelage : Gris-brun dessus, cendré dessous. Queue bicolore brunâtre des-
sus, blanchâtre dessous. Pieds d’un gris blanchâtre.
Habilat : Sud-Est de la France (Tessin, Lombardie, Calabre, Grèce).
PiTYMYs pnENAicus, Séljs. — Diiiiensions non indiquées, petite taille.
Pelage ; Brun bistre dessus, cendré dessous. Oreilles très velues à poils
noirâtres. Queue bicolore brune dessus, blanchâtre dessous.
Habitat : Pyrénées (Pic du Midi à une grande élévation).
PiTY.MYs PYHENAICUS BHUMEus, Miller. — Longueur tête et corps 93 mm. ;
queue 2(3 ; pied 15 mm.
Pelage : Semblable au type, mais plus brunâtre.
Habitat : Toute la région entre les Pyrénées et la Gironde.
PiTYMYs PRoviNciALis, Miller. — Longueur tête et corps 96 mm. ; queue
22 ; pied 14,6 ; crâne 22,4 X 14,4 mm.
Pelage : Dessus brun de bois clair, plus pâle et passant au blanc crème
sur les flancs. Dessous gris clair par le mélange du gris ardoisé de la base
des poils avec le blanc-crême de la pointe; pieds d’un blanc sale. Queue
entièrement blanchâtre, le dessus assombri par quelques poils noirs.
Habitat : France Sud-Est.
PiTY.MYs DUODEciMcosTATus, Sélys. — Longueui’ tête et corps 101 mm. ;
queue 33 ; pied 18 ; crâne 24 X 15,5 mm.
Pelage : Dessus d’un brun jaunâtre avec le museau d'un brun noirâtre;
dessous et pieds blanchâtres, quelquefois teintés de gris ou de jaune sale ;
région lombaire, en avant d’un jaune clair qui s’étend sur les flancs entre
la couleur du dos et du ventre (Le nombre de 12 paires de côtes attribuées
à l’espèce n’est basé que sur une anomalie individuelle).
Habitat : Sud Est depuis le dép. du Var jusqu’à l’Hérault et au Nord
jusqu’à l’Isère.
Arvicola terhestris (L.), Savi. — Longueur 140 mm. ; queue 63 ; pied
22 ; crâne 35 X 20 mm.
Pelage ; Dessus d’un brun plus ou moins jaunâtre, jaunâtre sur les
côtés ; dessous cendré, lavé de jaunâtre ; côtés de la tête comme les flancs.
Queue brune dessus, plus pâle dessous ; à poils courts. Pieds à poils très
courts d’un cendré blanchâtre.
Habilat : Dans les montagnes du Jura et des Ardennes.
.\nvicoLA TEnnESTius MONTicoi.A, Sélys. — Longueur tête et corps
197 mm. ; queue 73 ; pied 25 ; crâne 37 X 23 mm.
/
Pelnfje : Dessus d’un gi’isjaun;'Ure, mélangé de jaunAlre pAIesurles flancs ;
dessous et pieds cendré blanchâtre. Le pelage est doux, égal et laineux
sans mélange sur le dos de poils plus longs que porte Ar. Amphibins. La
queue porte environ 100 anneaux écailleux, avec des poils hérissés cendré
pâle.
Hobilat : .Montagnes, Pyrénées, Saint-Bernard.
.\»vicoLA SciiEiiMAX, Scliaw ; .\r. TEXEniucus, Miller; .\rv. Scherman
MoxTicuLA, Sélys. — Rspèces très voisines habitant les hauts plateaux de
la Savoie, de l’.\u vergue et des Pyrénées.
Toutes les espèces de campagnols que nous venons d’énumérer ne sont
pas également redoutables pour l’agriculture. La plupart habitent des ter-
rains incidtes, ne causent que des dommages peu appréciables et n’éveillent
guère l'attention des cultivateurs. Quelques espèces seulement, et notam-
ment les Mici'oliis arva/is et ngn’stis et le PHtjmijs subterraneux dans les
plaines et VArvkola Scherman monlicola sur les hauts plateaux de la Savoie
et du Cantal envahissent de temps en temps les champs cultivés, s’y multi-
plient avec une rapidité déconcertante et leur nombre devient alors telle-
ment énorme qu’ils dévorent toutes les cultures à ras de terre.
Sur les hauts plateaux de la Savoie VArv. monlicola est connu sous le
nom de Tarpa.
i
Jl '
f fi
CHAPITRE II
IMPORTANCE DES DOMMAGES CAUSÉS PAR LES CAMPAGNOLS
En parcourant les champs envahis par les campagnols on décou-
vre un trou de campagnol presc^ue à chaque pas dans toutes les
directions.
Evaluer exactement le nombre de campagnols vivant dans les
galeries souterraines d’après le nombre de ces ouvertures n’est
pas chose aisée. Un seul campagnol peut, en effet, se ménager
plusieurs orifices de sortie, comme un seul orifice peut servir à
toute une nichée de ces animaux. On constate souvent aussi que
bon nombre de ces trous conduisent à des galeries depuis long-
temps abandonnées.
Pour éliminer, au moins en partie, ces causes d’erreur et arriver
à une appréciation aussi juste c[ue possible, on peut procéder de
la façon suivante :
On compte les trous sur une partie du champ envahi, on les
bouche avec de la terre, on attend un ou deux jours et on compte
les orifices nouvellement ouverts. On trouve en moyenne un trou
nouveau sur dix anciens. En faisant labourer cette partie du
champ entourée d’abord par un sillon assez profond pour couper
toutes les galeries et empêcher ainsi les campagnols de fuir sous
terre au dehors de la partie réservée, on trouve à peu près autant
de campagnols que l’on a compté de trous nouvellement ouverts.
En parcourant les régions fortement envahies on trouve assez
fréquemment des chanqis dans lesquels le nombre de trous
dépasse 100.000 à l’iiectare et qui contiennent par conséquent au
moins 10.000 campagnols. Ür chaque campagnol doit manger au
— 0 --
moins 5 gTammcs de grains on deux ou trois fois autant do verdure
par jour pour ne pas mourir de faim et il gAcho beaucoup plus
qu’il ne mange en coupant les tiges des céréales pour en faire tom-
ber les épis, en jiiétinant l'herbe de ses sentiers et en faisant des
réserves dans scs magasins.
11 est donc facile d'évaluer les dommages que peut causer une
grande invasion de ces petits rongeurs.
11 est certain qu'un millier tle campagnols mangent et dété-
riorent dans un cbamp de céréales au moins 10 kilogrammes de
grains par jour, ce qui ferait une jmrte de 3 à i quintaux pendant
la durée de la saison sans compter la perte en paille. Quand l’inva-
sion arrive à son maximum de développement au milieu de l'été,
il n'est j)as rare de trouver des champs de blé et surtout dos
cbanips d’avoine tellement ravagés ([ue les cultivateurs n'y trou-
vent plus rien à récolter.
Pendant la grande invasion qui a désolé le département de
l’Aisne do 1009 à 1011, l’administration préfectorale a fait drosser
un aperçu des dégâts causés par les campagnols dans chaque com-
mune envahie.
\ oici cet aperçu qui m’a été obligeamment communiqué par
M. Guerrapain, professeur départemental d’agriculture.
Importance des dégâts causés par les campagnols dans le département
de l'Aisne de l’automne 1900 ci l'automne 1911.
CO.M.ML’.NES
ÉVALUATIO.N
des perles
OBSEnVATlONS
J
\7‘rondissement
le Laon
frcTncs
Noiivioii-le-ComIc. . . .
non évaluées
.30 lieclarea de prairies arlifi-
cielles dél miles.
.\clicrv
10.000
.\ngnilcoml-le-Sorl .
38.000
-Mavol
10.000
•\ rcporler
38.000
— 10 —
COMMUNES
ÉVALUATION
des pertes
OBSERVATIONS
francs
Re[)orl
1.371.150
Hannappos
1.225
Groiigis
20.000
Vaux Andignj . ...
»
1.035 hectares envahis.
Arrondissement de Saint-Quentin
SainlQuenlin
30 000
Essigny
35.000
Poiisoinme
103. 000
Harly ...
30.000
llomblières.
72.000
Lerdins
75.000
Marig . ...
15.000
Mesnil Saint-Laurent .
3.000
.Morcourt
100.000
Orignv
88.960
Remancourt
non évalué
Tout le territoire envahi, dé-
giïls considérables.
Rohain . . ....
102.000
Recquigny .
1 500
Rrancourt
200.000
Croix J
150.000
Ercemfont ....
55.400
Fontaine
70.000
Frenoy
200.000
.\ reporter
2.725.235
— 1^2 —
COMMUNES
ÉVALUATION
des perles
OUSEUVATIONS
Iteporl
francs
2.725.235
Monbrohaiii
70 000
Premionl
O
O
O
Uainicourl .
40.000
Aubcncheul
60.000
Beaurevoii' .......
160.410
Hellenglise. . .
40.000
Beilicoui'f
))
600 hectares envahis.
Bouy
18.000
Eslrès
60.000
Gouy
200.000
Joucouii
41.000
Lebancourt
45.000
Levergier
100.000
Magny
16 000
Noi'oy
30 000
Segucliart
60.000
Vendhuille
8.000
Villerest
40 000
,
Moy
))
Invasion peu considérable.
Hanicourl
»
100 hectares envahis.
Brusav
55.000
Brissy
21.000
Clu\liIlon-siir-Oise. . . .
))
DégîUs considérables.
A reporter . . . .
3.823.645
COMMl'NES
ÉyALUATlON
des pertes
OBSEnVATlO.NS <
Report
francs
3.823.tU5-
Mont cTOrigny
liS.OOO
Neuvilletle
t)4.000
Origny Sainl-Benoile . .
100 000
l’arpenollc
15 000
Selve
15.000
Regnv
90.000
Rcnansart
15.000
Sery
))
Grande partie du territoire
Sirry
envaliie.
))
Dégâts considérables.
Siirronlainc
4 000
Gcnellcs
21.000
Castres .
)>
1 /20 do récolte perdueon 1910;
Dailon. .
0 000
t 4 en 1911.
nation
05.000
Fontaine
4.000
Gaucliy ....
8.900
(! rugi es
»
250 hectares envahis.
Ilappencourt
10.000
SerancourI
91.000
'l’iigny
»
275 liectares envahis.
Villers Saint-Christophe .
»
900 hectares envahis, dégâts
Aubigny . .
très considérables.
»
Dommages très im[)ortants.
Beauvoir. .
)'
Dommages très importants.
A reporter ....
4.435.145
— 14 —
CO.MMUNES
ÉVALUATION
des pertes
OBSERVATIONS
francs
Report
4.455.145
Douchy
»
221 hectares envahis.
Etrevi 11ers
15.100
Fayet
25 000
ÏLiqiiières
»
60 hectares envahis.
Francilly
6 800
Germanie
»
Tout le territoire envahi.
Gricourt
90.000
Holuon
120.000
Lauchy
»
Tout le territoire envahi.
.Maissemy
25.000
Poulru
))
1/10 de la récolle détruite.
Poutruet
30.000
Roupy
40.000
Vaux
38 500
Le Verguier
5 000
ïretron ... ...
»
Blé 1/12 seigle hivernages;
1/3 prairies artiï’. ; 1/2 détruites.
Total
4.817.545
lün comptant les pertes non évaluées, mais <[ue l'on peut appré-
cier approximativement d’après le nombre d’hectares déclarés
comme envahis ou la proportion dos récoltes détruites, on peut
donc estimer les pertes subies par les cultivateurs des l iO com-
munes du département de l’Aisne à plus de 6 millions de francs,
en deux ans.
Des invasions aussi considérables et même beaucoup plus inten-
ses et plus étendues que celle de l’Aisne ne sont pas rares en
France. Il ne m’a été guère possible de recueillir à ce sujet de
— 15 —
renseignements d’une exactitude absolue. Il n’y a pas d’organisa-
tion fjui soit chargée de signaler les invasions de campagnols
partout où elles se produisent, d’en apprécier l’étendue et l’inten-
sité, d’évaluer les dommages causés. Pourtant des renseignements
précis de cette nature seraient très utiles, ils permettraient à celui
([ui serait chargé de les centraliser de mieux étudier la vie et les
mœurs des campagnols et de tirer de cette étude cpielques lois
générales sur les conditions l)iologiques de l’évolution de ces ani-
maux. Les invasions soudaines de campagnols dans certaines
régions on troupes incalculables et leur disparition presque aussi
rapide doivent avoir des causes précises, doivent être détermi-
nées par un ensemble de conditions dont la connaissance nous
permettrait très probablement d'intervenir utilement avant ({uo le
mal ne soit devenu irréparable. Les dommages causés par ces peti-
tes bêtes sont tellement élevés et se répètent si souvent qu’un
eübrt sérieux et soutenu serait pleinement justifié.
En elfet, depuis 181)3, c’est-ii-dire depuis bientôt 20 ans que nous
nous occupons de cette question, nous avons assisté à plusieurs
grandes invasions de campagnols en France et depuis 11)03, grâce
à une meilleure organisation du service de Parasitologie agricole
à l’Institut Pasteur, grêce aussi au concours dévoué des professeurs
départementaux et spéciaux d’agriculture, nous avons pu suivre
ces invasions avec plus de soin et enregistrer leur évolution d’an-
née en année. Nous avons jm noter ainsi les grandes invasions :
Kn 1904 dans plus de 500 coimmines réparties dans 14 départements.
1905
—
90
—
—
3
1900
—
16
—
4
—
1907
—
22
—
5
.. —
1908
—
22
—
5
1909
—
138
—
10
191 1
—
135
—
7
—
1912
—
t.OOO
—
—
25
Ainsi, en 8 ans 2.000 communes ont subi, du fait de campa-
gnols, des dommages comparables à celles que nous venons d’in-
diquer pour l’Aisne, c’est-à-dire une perte d’à peu près 80 millions
do francs.
Pour micu.x suivre les invasions de campagnols qui nous avaient
été signalées chaque année, nous les avons indiquées sur une série
— 16 —
(le cartes (ii° 1 à ii° 10) en désignant les. départements envahis par
des traits plus ou moins rapprochés, suivant l’intensité et l’éten-
due de l’invasion.
Ces cartes nous montrent que, si les grandes invasions de cam-
pagnols ne se produisent qu'cà des intervalles de temps assez éloi-
gnés, il y a aussi des régions où des invasions partielles se repro-
duisent presque chaque année.
Ainsi nous avons eu une grande invasion générale de 1003 à
1905, embrassant : d’une part les Charentes presque en entier et
partiellement la Vendée, les Deux-Sèvres et la Vienne ; d’autre part
tout l’Est, de la Meurthe-et-Moselle jusqu'au Jura, tout le Bassin
de Paris, de l'Indre jusqu’au Pas-de-Calais ; le Puy-de-Dôme au
centre et l’Ariège au sud, en tout 15 départements.
Une autre invasion moins intense que la précédente s’étendait
sur 10 départements (carte n° G), et une très grande invasion, la
plus importante depuis 20 ans, qui a débuté au printemps 1912
dans 10 départements de l’Est et du Sud-Est, s’est étendue
ensuite peu à peu vers l’Ouest sur 23 départements (carte no 9).
Mais à côté de ces grandes invasions, nous voyons que les canq)a-
gnols apparaissent chaque année sur des étendues plus restrein-
tes, dans le Bassin de Paris et dans l’Est, moins souvent dans le
Sud-Ouest, le Centre et le Sud.
Il y a donc des régions où les campagnols existent toujours en
plus ou moins grand nombre, des foyers où ils peuvent pulluler à
certaines époques particulièrement favorables à leur multiplication
et d’où ils se répandent sur des centaines et quelquefois même sur
des milliers de kilomètres carrés.
I FRANCE
Carte N« 2. — Invasion de Campagnols en 1905.
Danysz.
2
Carte N° 3. — Invasion de Campagnols en 1906.
. — Invasion de Campagnols en 1907.
Carie N° I
1
— 21 —
Carie N“ 6. — Invasion de Gampaynols en 1909.
Carte N’ 7. — Invasion de Campagnols en 1910.
Carte N° 8, — Invasion de Ganipa^nols en 19H.
9
>
w
I
2
D
FRANCE
frange
' i ( * , ' f. — '
Caj'te :V° .9. — Invasion de Campagnols on 1912.
1 i T Tt T^— 1
1— "H — -1 r : — r-f i —
Carte iV“ 10. Los parties ombrées indiquent les régions dans lesquelles les
invasions de Campagnols se sont produites une ou plusieurs fois entre les
années 1903 et 1913.
CHAPITRE III
DlSTRini TlON GÉOGRAPHIQUE DES CAMPAGNOLS UN FRANCE
Sur la carte 11“ 10 nous avons indiqué tous les départements qui
ont été envaliis par les campagnols une ou plusieurs fois depuis
1893.
Les traits plus ou moins rapprochés indiquent, coimne sur les
cartes précédentes, Tintensité et l’étendue plus ou moins grandes
de l’invasion, les différentes directions des traits indiquent la fré-
quence des invasions.
Nous voyons donc sur cette carte que le territoire à campagnols
comprend 44 départements.
Les cinq départements de l’Ouest : les Charentes, la Vendée,
les Deux-Sèvres, la Vienne forment un ilôt relié au Bassin de
l‘aris par l’Indre et le Loir-et-Cher. ^
Le Bassin de Paris forme un deuxième ilôt à campagnols où il
faudrait peut-être distinguer deux foyers, Lun au Sud-Sud-Ouest
de Paris comprenant le Loiret, l’Eure-et-Loir et la Seine-et-Oise,
l’autre au Nord-Est comprenant la Seine-et-Marne, l’Aisne, l’Oise,
la Somme et le Pas-de-Calais.
Un troisième îlot très nettement distinct existe au Sud-Est com-
prenant les départements des Vosges, Haute-Saône, Doubs, Jura,
Haute-Manie et Côte-d’Or avec des ramifications allant dans la
Meurthe-et-Moselle et la Meuse au Nord, dans la Saône-et-Loire
au Sud-Ouest, (iet Ilot est réuni au Bassin de Paris par la Marne
et l’Aube.
En plus de ces trois foyers principaux on eu trouve encore trois
autres de moindre importance et sans liaison apparente entre eux
et entre les précédentes. Le plus important se trouve en Auver-
gue (Puy-de-Dôme et Cantal) avec une ramification dans l’Avey-
— ^28
ron. Les deux derniers, les moins importunts de tous, se trouvent
d’une part dans l’Isère et la Drôme, d’autre part dans l’Aude et
l’Ariège.
Dans tous les autres départements il n’y a pas eu d’invasion de
campagnols depuis 20 ans, il est donc fort probable qu’ils n’y
trouvent pas de conditions favorables à leur développement et
surtout à ces multiplications excessives qui de temps en temps
produisent les grandes invasions.
Quelles sont donc ces conditions défavorables au développe-
ment des campagnols ?
En premier lieu il faut les clierclier dans la nature du sol et
surtout du sous-sol.
En superposant notre carte n° 10 à une carte géologique de la
France on remarque que la zoiie à campagnols correspond pres-
que exactement aux formations secondaires et tertiaires.
En partant des Cliarentes elle passe en effet entre le massif
armoricain et le massif central pour s’étendre au Nord et au Nord-
Est sur le Bassin de Paris jusqu’à Arras, et contourner le massif
central pour s’étendre au Sud jusqu’au delà de Grenoble.
On n’a jamais signalé d’importantes invasions de campagnols
au delà du Jurassique aussi bien en Bretagne et dans le Cotentin
que dans le massif central et il faut bien en conclure que ces ani-
maux n'aiment pas les territoires où affleurent les formations pri-
maires et les roches éruptives. Mais il y a aussi de vastes étendues
de terrains calcaires qui se trouvent dans le même cas. Ainsi, il
n’y a pas de campagnols dans le Bassin de la Garonne qui, excepté
les Landes, présente une conformation géologique très voisine de
celle du Bassin de Paris. En suivant les zones Jurassique et Cré-
tacée qui limitent au Sud le massif armoricain et côtoient ensuite
le massif central jusqu’aux environs de Montauban, on constate que
les invasions des campagnols s’arrêtent sur une ligne que l’on
pourrait-traccr entre Pons (Charente-Inférieure) et BulTec (Cha-
rente), l)ien qu’au point de vue géologique il n’y a pas de diffé-
rence appréciable entre les terrains situés au Nord et au Sud de
cette ligne.
11 n’y a pas de campagnols dans les départements du Calvados,
de la Seine-Inférieure, de l’Oise, de l’Eure, il y en a beaucoup en
Scine-ct-Oisc et dans l’Eure-et-Loir et pourtant ici aussi ce sont
partout à peu près les mêmes formations géologiques (terrains
tertiaires et quaternaires avec des îlots crétacés). Par contre il y a
— so-
cles ilôts de campagnols sui‘ les hauts plateaux du Puy-de-Dôme,
du Cautal et de la Savoie.
Il résulte doue de reusemble de ces faits que, si les campagnols
marquent une certaine préférence pour les terrains calcaires, ils
j)euvent vh’re et se développer aussi sur d'autres terres et que ce
n’est jcrohablement pas autant la natiq*e chimique du sol que sa
constitution physique qu’il importe de considérer pour trouver
l’ensemble des conditions les plus favorables à leur développe-
ment. On peut admettre que ces conditions se trouveront réalisées
})artont on le sol sera assez profond et pas trop meuljle pour la
construction des galeries et des nids et le sous-sol assez perméable
pour ])crmcttre l’écoulement facile des eaux de pluie.
CHAPITRE IV
LES DÉPLACEMENTS DES CAMPAGNOLS
Les campagnols ne sont pas des animaux migrateurs propre-
ment dits, comme les criquets pèlerins ou certains oiseaux, mais
il arrive quelquefois, lors de grandes invasions, qu’ils quittent
brusquement et en masse leurs terriers, traversent les rivières, les
lignes de chemin de fer et même des bourgs assez importants pour
s’éparpiller sur des étendues lieaucoup plus grandes à quelques
dizaines de kilomètres du lieu de leur départ.
On dit alors communément que les campagnols ont disparu, on
ne sait ni où ni comment. Et par le fait on n’en trouve pas de
morts à la surface du sol ni dans leurs terriers, et personne ne les
a vu partir ni arriver nulle part. Ces disparitions ont toujours
intrigué les agriculteurs et les naturalistes et resteraient probable-
ment encore longtemps mystérieuses si dans certains cas, bien
rares il est vrai, les campagnols n’avaient pas laissé de traces
bien visibles de leurs passages, et que le hasard a fait découvrir
et noter.
Ainsi, en 1892, lors d’une visite d’une ferme envahie par les
campagnols dans la Bric, un fermier m’a raconté qu’en revenant
la nuit en voiture à la maison, il avait été surpris par les mouve-
ments insolites de son cheval, le lendemain matin, en passant par
la même route, il y a trouvé une grande quantité de ces petits
rongeurs écrasés par les roues de la voiture et les sabots du che-
val. Il est donc certain que ces animaux ont dû traverser cette
route en grand nombre. Un autre fait analogue nous a été
raconté par les lial)itants de Rutfee en 1904, à la fin de la grande
invasion de campagnols dans les Cbarentcs. Ils ont trouvé, un
— 31 —
matin, des campagnols noyés dans des auges et des réservoirs.
— Une armée de ces rongeurs a donc dû traverser une partie de
la ville pendant la nuit précédente.
Enfin j’ai assisté moi-même à un exode de campagnols traversant
la ligne du chemin de fer de Paris à Bordeaux à la gare de Lou-
lay, près de Saint-Jean d’Ângély. — C’était vers 9 heures du soir
en 1905 en hiver. Ils étaient tellement nombreux que j’ai pu en
attraper quelques-uns vivants sur le quai de la gare.
Les disparitions mystérieuses des campagnols d’une localité
peuvent donc être expliquées assez aisément, par ce fait que ces
animaux ne se mettent en route ([u’après le coucher du soleil,
qu’ils savent éviter autant que possible les endroits balntés et
(pie c’est tout à fait par liasard que l’on peut rencontrer un de ces
exodes ou ses traces dans une ville ou sur une route. Il y a aussi
de bonnes raisons de ne pas les retrouver ailleurs, du moins peu
de temps après leur disjmrition. ‘D’abord il en périt beaucoup,
probablement le plus grand nombre, en route, noyés dans les
cours d’eau ou les fondrières, et comme le campagnol sorti de son
trou et de son sentier est pour ainsi dire sans défense, un grand
nomlire en est mangé par les chats et les petits carnassiers sanva-
ges, les fouines, les Indettes, dont le nombre augmente en même
temps c|ue celui des campagnols dans les régions qui en sont infes-
tées ; ensuite, il est fort probable cju’ils s’éparpillent sur des éten-
dues lieaiicoup plus grandes cpie celle qu’ils viennent de ejuitter et
comme ils creusent de suite sur les nouveaux territoires des gale-
ries souterraines dans lesquelles ils se cachent et ne praticpient
au début cpi’un petit nombre d’orifices de sortie, il est facile de
comprendre qu’ils échappent pendant un certain temps à l’atten-
tion des cultivateurs. Cinquante ou même cent campagnols épar-
pillés sur l’étendue d’un hectare y disparaissent complètement
surtout au début de l’invasion. Le cultivateur ne s’aper<j’oit de
leur présence dans ses cultures, qu'il ne visite probablement pas
tous les jours en détail, que (juand ils ont eu le temps de tracer
des sentiers bien visibles, de manger l'herbe autour de leurs trous
et surtout de taire des petits et de devenir ainsi cinq ou six fois plus
nombreux. — Les places dénudées par les petites colonies appa-
raissent alors de loin comme des taches de pelade plus claires
sur 1 ensemble du champ plus sombre. — La présence des cam-
pagnols dans de tels champs est facile à reconnaître, même de
loin, et c est généralement alors seulement que le cultivateur
— 32 —
constate l’invasion qui, en réalité, s’est produite deux ou trois mois
auparavant.
11 ne nous a pas été bien difficile de déterminer les causes de
ces exodes en masses.
Quand on tue un campagnol pris dans un cliamp envahi depuis
longtemps, et qu’on le jilace aussitôt après sa mort sur une feuille
de papier lilanc, on voit cette feuille se couvrir littéralement en
quelques instants de puces et quelquefois aussi de petits acariens.
L’habitation prolongée dans le même nid sous terre favorise
beaucoup le développement de ces parasites dont l’animal est
incapable de se débarrasser par ses propres moyens et leur nom-
bre devient à la longue tellement considérable que la vie dans son
nid lui devient impossible. — 11 est donc obligé de le quitter et
comme il ne peut pas s’établir dans le voisinage immédiat, parce
qu'il y a tout autour d’autres campagnols qui se trouvent
d’ailleurs, eux aussi, dans le même cas, ils s’en vont tous ensem-
ble chercher au loin des territoires encore non envahis.
L’invasion des campagnols dans l’Aisne qui a duré quatre ans,
du printemps 1908 à l’automne 1911 et que nous avons pu étudier
sur place d’une façon suivie, peut servir d'exemple de ces migra-
tions successives dans toutes les directions en partant d’un foyer
relativement très restreint.
Nous l’avons indiquée sur la carte n° 11 d’après les indications
qui m’ont été fournies surplace par les cultivateurs, par M. Guer-
rapain professeur d’agriculture et surtout par M. Fleury, rédac-
teur au Journal de Saint Quentin qui a eu la bonne idée de
demander aux lecteurs de son journal de lui indiquer les localités
envahies par les campagnols avec les dates de leur apparition et
de noter ces renseignements sur une carte de l’arrondissement.
On peut très bien suivre sur cette carte les progrès de l'invasion
à partir d’un foyer unique constitué par la commune d’Etreilles
et qui s’étend d’abord dans la direction du Nord-Nord-Est et
ensuite dans celle du Sud-Sud-Est.
L’intervention des cultivateurs, sous la direction énergique de
M. Guerrapain, a eu à la fin raison de cette invasion. Les campa-
gnols ont disparu à peu près complètement à la fin de l’année 1911.
En ettet, en 1912, on n’a signalé dans l’Aisne que quelques
petites taches sans grande importance malgré (]ue l’année 1912
ait été extrêmement favorable au développement des campagnols.
— Dans le courant de cette année il s’est ])roduit, la })lus.
33
Curie N° 11.
— Extension progressive de l’invasion dos campagnols dans les
environs de Saint-Quentin de 191)8 à 1911.
Danysz
3
forte invasion que nous ayons eu à enreg'istrer eu France depuis
vingt ans. — Ainsi (juc le montre la carte n" 9, cette invasion s’éten-
dait sur 2o départements avec plus ou moins d'intensité. Les terri-
toires des départements des Vosges, llaute-Saone, llaut-Rliin.
Doubs et Jura étaient envahis presque en entiers.
Il est impossible d’admettre que ce soient les campagnols de
l’invasion de 1911 dans l’Aisne qui sont venus peupler toute cette
vaste région et leur apparition presque simultanée sur de nom-
breux points situés dans la zone comprise entre Mézières et Cham-
béry d’une part, Delfort et CluUeauroux d’autre part, dans la Cha-
rente-Inférieure et dans la Gironde, exclut toute idée d’invasion
progressive par émigration.
IvCS cultivateurs que nous avons consultés à ce sujet nous ont
tous’ répondu (pi'ils ne se sont apcr(;us de la présence d’un
grand nombre de campagnols dans leurs champs qu’au moment
de la récolte du blé. — Us en trouvaient un grand nombre sous les
javelles que le mauvais temps les obligeait de retourner plusieurs
fois avant de les rentrer.
Ensuite ce sont les chanqis d’orge et d’avoine et enfin les tuber-
cules qui ont été envahis et en ont beaucoup souffert.
En réalité il y avait cerfainement des campagnols déjà en hiver
partout oii on a constaté leur présence en juillet, mais ils n’étaient
pas alors assez nombreux pour attirer l’attention des cultivateurs.
D’ailleurs ils devaient être cantonnés dans les prairies artificielles
et surtout dans les terrains incultes dont personne ne s'occupe,
et leur multiplication rapide peut s’expliquer facilement par le
temps exceptionnellement doux et beau du printemps de cette
année.
En consultant les cartes 1 à 9 nous voyons (juc, depuis 1903, il
y avait dans cette zone })lusieurs invasions de campagnols, tan-
tôt dans une région tantôt dans une autre.
Ainsi en 1901 il y en avait dans le Jura, la Côle-d'Or et la Haute-
Marne, on 1907 dans la C(ke-d'Or et la Haute-Marne, en 1908 dans
le Jura et dans les \ osges, et en 1909 dans le Jura, le Douhs et les
Vosges.
On peut donc affirmer que toute cette vaste région comprenant
la Lorrabie, V Alsace, l;i Franche-Comté et une partie de la Cham-
pagne et de la Ilourgogne est particulièrement favorable à la vie
et au ch;\ (doppement des campagnols, (jue ces petits rongeurs y
existent toujours dans un grand nond)re de foyers et que cha(|ue
36 —
fois que les conditions climatériques leur deviennent particuliè-
rement favorables, ils se multiplient d’une façon excessive et
envahissent des territoires plus ou moins étendus.
Les deux seules espèces de campagnols que nous y ayons trouvées
sont le Microlns agrestis et le Mici'otm arvalü. — Dans les régions
boisées on trouve aussi en assez grand nombre des mulots [Mus
sylvaticus).
CHAPITRE IV
LKS MOYENS DE DESTRUCTION
Dans la lutte avec les campagnols, comme d’ailleurs avec tout
autre animal nuisible, il y a plusieurs points à considérer et notam-
ment : l'efficacité des moyens et produits destructeurs, la façon de
les employer et surtout l'organisation de la lutte.
Les moyens et les produits dont on peut se servir pour détruire
les campagnols sont nombreux. — Nous allons indiquer ceux
(pu ont été reconnus comme les plus efficaces.
Les trous de tarières. — On creuse, de place en place, sur les
sentiers fréquentés par les campagnols, des trous de 30 à iO cm.
de profondeur et de 8 à 10 cm. de diamètre à parois bien vertica-
les et bien lisses. On a construit des tarières spéciales pour les
creuser.
Les animaux qui toml)ent dans ces trous pendant la nuit ne peu-
vent plus en sortir facilement. On les y trouve le matin et on peut
ainsi en détruire un assez ffrand nombre.
O
Ce moyen, plus ou moins efficace, suivant la quantité de trous
creusés, n'est jamais radical. Tous les campagnols ne se laissent
pas prendre de cette façon. On ne peut pas creuser des trous nom-
])reux dans tous les champs sans de grands dommages pour les
cultures, et les terres meubles et friables ne s’y prêtent pas du
tout.
Ce moyen ne peut donc être recommandé que dans des cas parti-
culiers, dans les jardins ou les toutes petites propriétés dans les-
quelles il serait facile d’entretenir les trous toujours en Ijon état et
de les visiter très souvent.
— 38 —
LES POISONS
Arsenic. — M. Giierrapain, professeur cléparlemental d’agriculLure de
l’Aisne, a fait employer dans son département sur de grandes étendues du
grain arséniqué qu’il a préparé en collaboration avec M. Demolon.
Voici ce qu’il en dit lui-même (1) : « Les résultats donnés par l’empoi-
sonnement par l’arsenic sont assez réguliers, quoique toujours incomplets.
I^a préparation des appâts a ici une importance capitale 11 faut en elfet
compter avec l’extrême finesse des rongeurs et masquer habilement les
substances toxiques.
« Nous signalons deux modes d’emploi de l'arsenic qui ont donné un
assez grand nombre d’insuccès et qui ne paraissent pas recommandables.
Ce sont :
1° l’empoisonnement de la graine de betterave par l’arséniate de soude
(macération de la graine de betterave dans une solution d’anhydride arsé-
nieux en présence de la soude Solvay);
2“ l'emploi de betteraves hachées saupoudrées d’arsenic.
La technique suivante semble être celle qui s’est montrée le plus cons-
tamment satisfaisante.
« Mouiller légèrement le grain (blé ou de préférence avoine aplatie) avec
un sirop de sucre ou delà mélasse diluée de manière à ce qu’elle colle légè-
rement aux doigts ; puis praliner avec un mélange de farine et d'arsenic
en parties égales. Il faut environ, pour 100 kilos de grains, a kilos de
mélasse ou de sucre et 12 kilos d’arsenic avec un poids égal de farine.
« Le grain peut être déposé directement dans les trous au moyen d’une
spatule. On peut encore le placer soit sous des ruchettes de paille, soit dans
des tuyaux de drainage ou de briques creuses qu’on déplace. La protec-
tion du gibier se trouve ainsi assurée.
11 convient d’opérer par temps sec. Le poison exerce son effet pendant
plusieurs jours et même parfois pendant plusieurs semaines ».
Noix vomique. — Les préparations à la noix vomique agissent surtout
par la strychnine qu’elles contiennent en quantité plus ou moins grande
suivant la provenance et l’état de conservation de ces noix.
Suivant les instructions données par M. Dubourg, professeur départe-
mental d’agriculture de la Charente-Inférieure qui a préconisé cette pré-
paration et en a fait employer des quantités considérables dans l’arrondis-
sement (le la llocbelle, lors de la grande invasion de campagnols en 1904
et 1905, on prépare les appâts à la noix vomique de la façon suivante :
Dans une chaudière d’une contenance de 150 litres environ on met
(I) Bulletin men.'u/.c/ de l’Office des renseignements agricoles du ministère de
l’agricullurc. Septembre 1912.
— 39 —
d’abord 5 kilos de noix vomique en poudre, 50 grammes d’acide tartrique
et 50 litres d’eau et quand ce mélange aura bouilli pendant quelques minu-
tes on y ajoute 50 kilos de blé ou de tout autre grain entier ou aplati. On
continue encore h cbaulTer en remuant jusqu’au moment où tout le liquide
soit absorbé par le grain.
L’opération du chaufTage doit durer environ 1 heure 1/2.
Les grains ainsi préparés peuvent être ensuite distribués dans les champe
envahis par lescampagnols.
Les inconvénients de ce moyen de destruction sont de la même nature,
mais encore plus graves que ceux que nous avons signalés pour l’emploi des
préparations arsénicales La stiycbnine est, en elîet, un poison beaucoup
plus violent et par conséquent plus dangereux que l’acide arsénieux et si
on l’emploie sans prendre les précautions nécessaires (tuyaux de drains,
briques creuses, paniers) on tue une quantité considérable d’animaux uti-
les et notamment de petits oiseaux et de gibier. '
Carbonate de banjtnn. — On a encore conseillé, pour détruire les campa-
gnols, l’emploi de carbonate de baryum.
Nous avons essayé l’efTet de ce poison sur des campagnols en captivité.
Nous avons mélangé avec l’eau 5, 10, 15 et 20 grammes de carbonate de
baryum (qui est absolument insolubledans l’eau ordinaire) par litre d’eau.
Un litre de ce mélange peut servir à tremper 2 kilos d’avoine aplatie et
donne ainsi 3 kilos d’appdt, qui contiennent respectivement 5, 10, 15 et
20 gr. de carbonate de baryum.
Ln supposant une invasion moyenne de 2.000 campagnols ù l’hectare et
une distribution de 10 kilosd’appàtspar hectare, chaque campagnol pour-
rait donc en absorber 5 grammes.
Nous avons donc donné 5 grammes de ces dilTérents mélanges à chaque
campagnol placé isolément dans un bocal en verre et laissé préalablement
à jeun pendant 12 heures.
Sur 8 animaux mis en expérience il en est mort deux, un de ceux qui
ont reçu le mélange à 5 pour mille et un de ceux qui ont reçu le mélange
à 10 pour mille.
Leux qui ont reçu le mélange à 5 pour mille ont mangé h peu près tout le
grain préparé; le mélangea 10 pour mille n’a été mangé qu’en partie, les
mélanges a lo et a 20 pour mille ont été à peine touchés, — bien que les
campagnols n’aient pas reçu d’autre nourriture pendant 24 heures.
Le résultat est un peu ditlérent quand on mélange le carbonate de
bai juin avec un bouillon que 1 on ensemence ensuite avec un microbe qui
acidifie un peu .son milieu de culture.
Fin nourrissant un certain nombre de campagnols avec des appâts pré-
parés de cette façon, nous avons constaté une mortalité de 30 0/0.
t.ette dilféience d.ans les résultats observés peut être due à deux causes :
Les campagnols mangent un peu plus d’un appât imprégné de bouillon que
— 40
d’un appât imprégné d’eau, et l’acidité du bouillon de culture provoque
la formation de composés solubles et plus toxiques au dépens ducarbonate
de baryum.
Gaz toxiques (d’après MM. Guerrapain et Demolon).
Acide stdfiireux. — « L’emploi de l’acide sulfureux (gazClayton) pour la
dératisation des navires nous a inspiré l’idée de tenter un moyen de des-
truction des souris par ce moyen. Dans ce but nous avons fait construire
un appareil permettant d’injecter directement dans les galeries de l’anhy-
dride sulfureux liquide. ladose de 20 grammes par trou les résultats ont
été nuis. Le gaz sulfureux diffuse rapidement et n’imprègne pas le sol
comme le fait le sulfure de carbone, dont les vapeurs très denses gagnent
progressivement toutes les galeries et y persistent.
Les appareils d’enfumage se sont montrés peu efficaces et onéreux.
Là où on obtient l’asphyxie il est d’ailleurs permis de se demander si le
résultat n’est pas dû à la production d’une certaine quantité de sulfure de
carbone provenant de la combustion du soufre et en présence de charbons
en ignition. »
Sulfure de carbone. — « Nos expériences personnelles et les essais qui
ont suivi dans six communes ont démontré d’une manière indiscutable,
l’efficacité du sulfure de carbone au point de vue de la destruction des
campagnols. Cette unanimité des avis doit attirer l’attention sur ce mode
de destruction. L’asphyxie se produit en quelques minutes. Toutefois,
pour que le procédé soit économique et pratique, il importe d’opérer de la
manière suivante :
Les trous sont bouchés la veille au moyen du rouleau ou de la herse,
soit simplement au moyen d’un bâton renflé à son extrémité. Une personne
peut par ce procédé boucher au moins 1 h. 1/2 par jour. Là ou les campa-
gnols sont nombreux et où l’on trouve plus de 10.000 trous à l'hectare, il
peut s’en trouver 1.000 de rouverts le lendemain. On injecte fi à 8 grammes
dans chaque trou et l’on bouche d’un coup de talon ; le lendemain on
recommence. On peut retrouver 100 à 300 trous en tenant compte de ceux
oubliés la veille. Si l’opération a été bien conduite, la destruction est com-
plète. On peut user ainsi 8 à 10 kilos de sulfure à l’bectarc. »
« Les pals injecteurs utilisés par les viticulteurs ne conviennent pas pour
cette opération. On peut utiliser un entonnoir muni d’un tuyau flexible
de plomb. Mais il est infiniment préférable d’avoir un appareil injecteur
spécial d’un maniement commode et permettant de doser le liquide
injecté. Nous nous préoccupons en ce moment de faire construire un appa-
reil répondant à ce desideratum. >>
En ce qui concerne ce procédé il est nécessaire de faire remarquer qu’il
est absolument impossible de fermer les trous de campagnols à l’aide du
— 41 —
rouleau ou de la herse dans les chaumes ou les terres incultes, où la terre
est généralement trop dure, et il semble qu’il ne serait guère prudent de
tenter ces opérations dans les champs couverts de cultures.
Les inconvénients de l'emploi des poisons.
Les poisons que nous venons d’énumérer tuent sûrement tons
les animaux qui en absorl)ent une quantité suffisante, et c’est là
leur plus grave défaut. Malgré toutes les précautions que l’on
peut prendre, on ne peut pas éviter, surtout quand il s’agit d’opé-
rer en grand, sur des milliers d’hectares, rempoisonnement d’un
nombre plus ou moins grand d’animaux utiles, domestiques ou
sauvages et surtout d’oiseaux.
Ainsi, dans une expérience de traitement par la noix vomique,
on a trouvé, sur un champ de oO liectares : G pies, 10 alouettes,
20 verdiers, 2 corbeaux, l mésange, 1 pinson, soit 40 oiseaux
tués par ce poison, et il est certain que l’on n’a j)as découvert tous
les oiseaux tués sur place ni surtout ceux qui sont allés mourir un
peu plus loin.
Lu outre l’emploi des poisons, même les plus actifs, ne donne
jamais de résultats complètement satisfaisants. M. Guerrapain l’a
constaté pour l’arsenic, dont il a préconisé l’emploi dans l’Aisne
en 1909-11 de préférence à tout autre moyen. Une commission
nommée parle ministre de l’Agriculture a constaté, par une expé-
rience faite en 1905 près de Saint-Jean d’Angély et dont nous don-
nerons plus loin tous les détails, que la noix vomique ne peut don-
ner en moyenne qu’une destruction de 70 0/0.
On peut en dire autant du baryum, de la pâte j)bospboréc et en
général de tous les poisons que le campagnol doit manger pour
être tué.
Seul le sulfure de carbone peut donner des résultats parfaits,
c’est-à-dire produire une destruction complète, mais à la condi-
tion, bien entendu, d’atteindre tous les campagnols qui infestent
un champ. Dans la pratique, on obtiendra donc toujours ce résul-
tat quand on n’aura à traiter que de petites étendues et quand on
remplira convenablement toutes les galeries frayées, mais quand il
s’agira de traiter l’ensemble d’un vaste territoire embrassant des
dizaines ou même des centaines de communes, alors il sera maté-
riellement impossible de traiter toutes les pa rcelles infestées avec
un soin égal et il en résultera toujours une destruction plui ou
moins incomplète.
CHAPITUE VI
EMPLOI DE CULTURES DES MICROBES PATHOGÈNES
POUR LES PETITS RONGEURS
Pasteur a eu le premier l’idée d’utiliser un virus pour la des-
truction des animaux nuisibles. 11 a conseillé l’emploi du microbe
du choléra des poules pour la destruction des lapins.
Toutefois ce virus, qui a donné d’excellents résultats dans quel-
ques expériences, n’a jamais été appliqué en grand, parce que le
microbe du choléra des poules, pathogène pour les lapins, est éga-
lement très dangereux pour un grand nombre d’oiseaux domesti-
ques et sauvages. En répandant de grandes quantités de cultures
de ce microbe dans les champs et les bois fréquentés par les lapins
on pouvait provoquer des épizooties dangereuses parmi les oiseaux
utiles.
Aujourd’hui, pour détruire les lapins, on peut se servir avec
succès d'un microbe voisin du choléra des poules, qui est aussi
un pasteurélla, mais absolument inoflensif pour tous les animaux
autres c[ue les lapins.
Les bacilles du type lyphi murium. — Les premières cultures
pathogènes pour les campagnols ont été employées en Grèce par
M. Lœftler, le savant professeur de iiactériologie de Greifswald.
M. Lœffler a observé une épidémie spontanée parmi les souris
blanches de son laboratoire ; il en a isolé le microbe, qui a servi
avec succès à ce premier traitement des cliamps envahis par les
campagnols.
Le microbe découvert par Ladtler appartient au groupe de
microiies intermédiaire entre le b. cnli et le b. d' Ëberth, mais plus
nipproché de ce dernier par l'ensemble de ses propriétés physio-
logiques que du b. coli. On a réuni tous ces microbes sous le nom
de paratyphiques ou coccobacilles de l'enlérile^ ou encore sous le
nom de Salmonella.
— 43 —
Plusieurs types ou races de ces microbes sont pathogènes pour
les petits rongeurs, auxquels ils donnent j)ar ingestion iinc mala-
die très analogue à la fièvre paratyphoïde de rhomme : une forte
congestion intestinale avec hypertrophie et quelquefois nécrose
des glandes de Peycr, hypertrophie de la rate et dégénérescence
graisseuse du foie.
Pour cette raison, il nous semble qu’il serait juste de donner à
tous ces parai ijplüq lies pathogènes pour les petits rongeurs, le
nom générique de Bacilliis Itjphi murium que Lœffler a donné,
avec l)eaucoup de raison, au microbe découvert par lui, bien (jue,
(l’après les travaux les plus récents et notamment ceux de Mühlens,
Dahm et Fürst (l), le microbe de laeffler devrait être rangé ])armi
les paralyphiqnes B. ou Bac. de l' entérite Type I (Flügge) tandis
que le bac. ratli Dantjsz ainsi que les autres microbes pathogènes
pour les rats, découverts plus tard par Dunhar, Issatchenko et
Neumann devraient former un groupe à part et être rangés parmi
les bac. de l'entérite T Y\m II ((Jaertner).
D’après Hurler (2) qui vient de faire paraître (1912) un remar-
quable travail de classification de toute la famille de microbe»
allant duco// au Itiphicjue, basée sur leurs pro])riétés biochimiques
et sur ragglutination par les sérums spécifiques, et qui })io])osc
pour cette famille cinq grouj)CS distincts, les bac. a})particn-
(1 raient au groupe II, le bac. tjiphi miiriimi au grou[)o 111, auquel
appartient aussi le bac. du Hogcholera ; les trois autres groupes
seraient formés : le premier par les bac. coli., le quatrième par
les par alij plaques B et le cinquième par les bac. typhiques.
Il nous semble inutile d’entrer ici dans tous les détails de cette
classification, mais il nous semble nécessaire d'indiquer les réac-
tions caractéristiques du microbe préj)aré par l’Institut Pasteur de
Paris pour combattre les invasions de campagnols et d’autres
petits rongeurs, et que nous appellerons bac. lyphi murium,
lype D.
Le bacillus typhi murium, lype J). — (ie microbe j)ousse assez
rapidement dans tous les milieux de culture usuels, mais avec
un peu moins d’abondance et de rapidité que le bac. coli. A l’exa-
men microscopique il se montre sous forme de petits bâtonnets à
bouts arrondis plus ou moins longs, depuis la forme de [coccus) à
(1) Miïhleus, Dalim et Fürst. Centralblntt f. liakt. Ahl. 1. Ori". fid t8 tOüR-
1909, p. 1
(2) Konrad Hurler, Centralbl. f. liakt. Abl. 1. Orig. Bd 03. Ileft 4 6.
— 44 —
peine ovoïdes juscpi’aux hàtonnets 10 à 20 fois plus longs que lar-
ges. Oiielquefois, les formes très convies forment de convies chaî-
nettes dans lesquelles les microljes sont accoles côte à côte et non
pas bout à bout. Muni de cils vibratils ti‘ès nombreux et très longs,
il est animé de mouvements très vifs.
Les colonies isolées d’une culture de 24 heures sur gélose présen-
tent l'aspect de bues gouttelettes translucides qui deviennent avec le
temps de plus en plus troubles sans jamais devenir complètement
opaques.
Sur gélose cafféinée à 0,3 0/0 (d’après Hurler) le microbe D
donne, ainsique \e. paralyithigne B., des cultures mobiles, tandis
que tous les autres microbes appartenant à la famille de coU-
Igphique, y compris les autres hac. typhimnrinm, donnent des cul-
tures immobiles.
Le microbe D se distingue encore des autres Bac. ralli en ce
qu’il ne décompose pas l’acide citrique et que le sérum des ani-
maux inoculés avec ce inicrol)e devient deux fois j^lus agglutinant
pour lui que pour les autres microbes du même groupe.
Il partage avec tous les pavatyphiques la propriété de faire fer-
menter la Glycosc, la Fructose et la Maltose et reste indifférent
pour le Saccharose, Lactose et Raffinosc et dilïère en cela du coli
qui fait fermenter tous ces sucres.
Pour le distinguer d’un coli les réactions les plus simples
seraient donc de le cultiver dans du lait, qu’il ne coagule pas. tan-
dis que le coli coagule le lait assez rapidement (en 24 à 48 heu-
res), ou bien sur la gélose de Gonradi-Drygalski, que le bac. D
colore en bleu, tandis que le coli la colore en rouge vif.
On peut le distinguer du b. lyphiqne en faisant des cultures
comparatives dans des milieux contenant un peu de dulcile ou d’ara-
binose., qu’il fait fermenter tandis que le microbe d'Eberth n’y pro-
duit aucune réaction.
Vivnlence. — Le bac. lyphi murimn D est pathogène pour tous
les muvirlés, mais à des degrés différents.
L’animal le plus scnsiljle et d’une sensibilité pour ainsi dire
absolue est la souris l)lanchc, qui ne résiste pas aux doses les plus
faibles d’une culture d’une virulence moyenne prise par inges-
tion. — I^es souris blanches meurent généralement 2 à 8 jours
après avoir ingéré une dose quelcoinpie de cette culture.
Les campagnols (Microtinés) de toutes les espèces que nous avons
pu expérimenter et notamment le Mievolus arvalis, le M. ayveslis
et VArvicola terrostris monticola et (juelques autres espèces habi-
tant l’Europe centrale, l’Espagne, la Péninsule Balkanicpic et la
Syrie sont presque aussi sensibles que les souris blanches. Dans
les expériences comparatives ils meurent en même temps ou tout
au plus avec un retard d’uii ou deux jours sur les souris blanches.
Les souris grises des maisons {Mus mnsculus), les mulots [Mus
sijlvaticus) et les rats gris ou briimitres [Mus decumauus) sont
un peu plus résistants; ils succombent généralement 5 à 15 jours
après l’ingestion d'un peu de culture, et ceux qui guérissent en
apparence après une maladie plus ou moins longue, meurent de
cachexie deux ou trois mois plus tard.
L’esj)éce la plus résistante des muridés d’Euro])e est le rat noir
[Mus rallus] très fréquent autrefois, mais aujourd’hui remplacé
presque partout par le rat gris j)lus j)rolifupie.
Nous avons pu constater aussi la virulence de ce microbe pour
les Hamsters, assez communs dans certaines régions de l’Alsace et
en Hussie et pour les Taltousa, rongeurs aussi grands mais plus
gros que les rats commun d’Europe et qui ravagent les plantations
des bananiers dans l’Amérique centrale
Toutefois, il nous faut remarquer que la virulence de ce microbe
peut varier beaucoup d’une culture à l’autre, surtout pour certaines
es])èces. Elle n’est à peu près constante que pour les souris blan-
ches et les campagnols ; pour toutes les autres espèces de rongeurs
que nous venons d’énumérer ])lns haut elle doit être vérifiée fré-
quemment et enti’ctenue avec soin.
Pour tous les autres animaux ainsi que pour l'homme le ôac.
ti//jfii murium I) pris par ingestion est pratiquement inoffensif.
Les animaux de laboratoire tels cpio cobayes, lapins, poules,
pigeons, ainsi (pie tous les animaux domesticpies, peuvent en absor-
ber de grandes quantités sans en être incommodés d’une fac’on
appréciable.
Inoculé sous la peau il est également peu dangereux pour tous
ces animaux, mais il tue rapidement les cobayes et les lapins, (piand
on l’inocule dans la cavité péritonéale ou dans les veines, et les
pigeons quand on l’inocule dans les muscles jîectoraux.
Les microbes ajipartenant au groupe des paratypbiciues auquel
appartiennent aussi les bac. t./jp/n murium, sont très réjiandues
dans la nature et il semlile que, excepté pour les petits rongeurs,
leur rôle comme agents pathogènes doit être considéré comme
tout à fait négligeable.
fin eüet, il a été prouvé tout d’abord quo le bac. du llog-cboléra
(<[ui lui aussi appartient au même groupe), n'est pas le véritable
agent de cette maladie, causée par un microbe invisible passant par
les filtres en porcelaine, et MM. Uhlenhut, Huebner, Xnlander
et Bohts (1) ont montré que le soi disant bac. du llog-cboléra et le
paratyphique B. se trouvent très souvent dans le contenu intesti-
nal de porcs parfaitement sains.
Rimpau (2) a trouvé le paratyphique B. dans les selles et les
urines d’un grand nombre de personnes absolument saines et sans
relation aucune avec des malades.
Ilucbnev (3) a trouvé très souvent le même microiie dans différents
produits de la charcuterie conservée ou fraîche et en a mangé lui-
même ainsi que toute sa famille sans avoir éprouvé le moindre
mal.
finfm, argument le plus probant, depuis que les différents virus
muricides sont employés dans la pratique, c’est-à-dire depuis plus
de vingt ans, des millions de personnes ont manipulé de grandes
quantités de cultures de ces microbes ; on a répandu des millions
de litres de ces cultures dans les champs, dans les fermes, les mai-
sons d'habitations, etc. et il n’en est résulté aucun mal apprécia-
ble ni pour les hommes, ni pour les animaux domestiques.
Il est donc très prol>able que dans les cas d’empoisonnement par
les aliments ou dans certaines entérites dans lesquelles on décèle
la présence d’un paratyphique, on doit chercher ailleurs la vérita-
ble cause de la maladie et que le microbe incriminé jusqu’à pré-
sent n’y joue qu’un rôle secondaire.
COXSEflVATlON DE LA VIRULENCE
Le bac. lijplii miiriurn I) peut dans certaines conditions conser-
ver sa vitalité et sa virulence pendant très longtemps.
Nous avons do ces cultures qui, conservées depuis 12 ans dans
des ampoules scellées, sont encore aussi virulentes qu’au moment
de leur préparation. Toutefois, ces vieilles cultures ne pourraient
pas être employées telles quelles dans la pratique, filles ne produi-
(1) llf'rliner MiHloPi tsIl. (iesplhch. 21 mai 1D08.
(2j Douiscke ined. Woc/i. 1908, jî,
\’.ii Ihid., p. lü'it
raient pas le même effet (jue les cultures fi-aîches, d’abord parce
rpie le nombre de microbes vivants contenus dans le meme l)ouil-
loii diminue progressivement avec le temps et aussi parce que les
microbes restés vivants dans les ampoules scellées ne possèdent
pas les mêmes propriétés vitales que ceux d’une culture jeune. Ils
perdent leur mobilité (prol)ablenient leurs cils vibratiles ) et tombent
au fond du vase.
Une telle culture doit donc être rajeunie, c’est-à-dire réensemen-
cée dans un l)ouillon nouveau, pour produire le même etfet qu’une
culture fraîche.
Pour les cultures de notre microl)e, comme pour beaucoup
d’autres, il y a une période d’évolution, pendant laquelle il produira
son maxiTiium d'effet. Quand on ensemence ce microbe dans un
milieu nutritif, on voit ce milieu se troubler uniformément au bout
d’un certain temps, d’abord légèrement, ensuite de j)lus en plus for-
tement jusqu’à un maximum qui dépend de la richesse nutritive du
bouillon. — Puis on voit cette culture s’éclaircir peu à peu en com-
nien(,‘ant par en haut et un dépèt de microbes se forme au fond. Un
même temps, si le récipient contenant la culture n’est fermé qu’avec
un tanqjon de coton, il se forme un vfule à la surface du liquide.
C’est pendant son maximum de développement (jue le virus pro-
duira son maximum d’effet et ce maximum de développement peut
durer plus ou moins longtemps suivant la composition du bouillon
et la température à laquelle la culture est exposée : un ou deux
jours dans un bouillon pauvre, ([uinze jours et même plus long-
temps encore dans un bouillon suffisamment riche en peptones et
auti'cs matières nutritives et à une température voisine de 30®.
Prati(piement, une culture de virus bien pure, c^’est-à-dire ne
contenant pas de microbes étrangers, préparée dans un bouillon de
viande additionné de peptone contenu dans une bouteille bien
bouchée, gardera toutes ses propriétés de vitalité et de virulence
pendant 15 jours à partir du jour de sa préparation, et comme il
faut compter environ 5 jours entre le moment de Uensemencement
et l’emploi des cultures, les cultivateurs auront encore 10 jours
pour choisir un moment favorable au traitement. Si l’on ne pou-
vait pas employer le virus dans les 10 jours qui suivront sa récep-
tion, alors on pourra l'employer encore mais à des dilutions moins
foidesi Au lieu de 3 litres d’eau par bouteille, il ne faudra en pren-
dre que !2 ou 1 litre, ou même employer le virus tel quel sans le
diluer du tout.
48 —
8ien eiiteiidu on ne doit ouvrir les bouteilles qu’au moment de
la prc2:)aration des appâts, et les appâts, une fois préparés, ne doi-
vent pas être gardés pendant plus de 24 heures surtout en été, —
parce que toutes sortes de microbes qui se trouvent dans l'eau, sur
le grain et sur tous les objets avec lesquels on aura préparé
les appâts, se développeraient rapidement dans le grain écrasé et
mouillé et pourraient diminuer l’activité du virus.
PréjmraLion du virus en grandes quanlilés.
Nous avons vu plus haut que les invasions de campagnols se pro-
duisent généralement assez brusquement et qu’elles peuvent
s’étendre quelquefois, presque simultanément sur des milliers de
kilomètres carrés.
Ainsi, nous avons vu qu’en 1912 les premières apparitions de
campagnols ont été signalées en juin dans 3 départements ; en
septembre l’invasion s’étendait déjà sur 10 départements, en
novembre sur 25. L’ensemble des territoires envabis comprenait
pj,us d'un million d’hectares, et comme, pour détruire les campa-
gnols il faut employer 1 litre de virus par hectare, il aurait donc
fallu produire un million de litres de ces cultures en 150 jours, soit
près de 7.000 litres par jour.
Pour produire un bon effet, c’est-à-dire une destruction à peu
près complète de campagnols avec 1 litre de culture virulente par
hectare, il faut que cette culture soit absolument pure et aussi
riche que possible ; il est donc nécessaire de préparer le bouillon
de culture avec les substances les plus nutritives pour nos micro-
bes, de le stériliser convenablement (chauffer pendant au moins
20 minutes à 116-120°) et de la maintenir à l’abri de toute conta-
mination pendant toutes les manipulations que ce l)ouillon doit
subir depuis sa stérilisation jusqu’au moment de son emploi sur
place.
Après la stérilisation, qui doit être faite dans des récipients bou-
chés avec des tampons de coton et recouverts de capuchons de
})apier, le bouillon doit être gardé au moins pendant 24 heures
pour que l’on puisse contrôler sa stérilité. Ensuite ou peut l’ense-
mencer en introduisant dans chaque récipient un peu de culture
virulente et le transporter dans des étuves chauffées à 36® où il
doit séjourner pendant 24 heures ou davantage pour que la cul-
ture puisse se déveloj)per convenablement.
49 —
Quand la culture est bien développée et seulement alors, parce
que le virus ne poussera plus bien sans air, on peut remplacer le
tampon de coton par un bouchon en liège stérilisé et pai’affiné et
le récipient rempli de culture virulente est prêt à être expédié.
A})rès de nondn'eux essais nous avons reconnu que le récijjient
qui convient le mieux pour la préparation du virus en grandes
quantités est la bouteille en verre blanc ou très légèrement teinté,
d’une contenance d’un litre au maximum. C'est le seul récipient
(jui soit encore assez facile à manier et qui rende possible le con-
trèle rapide de la stérilité du bouillon qui doit être ensemencé et
ensuite le contrôle de la richesse de la culture ; deux conditions
indispensables de l’efticacité du virtis. 11 suffit, en effet, de regar-
der cba<pie bouteille à la lumière pour apprécier la stérilité du
bouillon à sa transparence, et le degré du développement de la
culture à son trouble.
Le virus peut se dévelop})er et donner des cultures plus ou
moins abondantes dans toutes sortes de milieux nutritifs : infusion
de foin ou de paille à 10 et 15 grammes par litre, de pomme de
terre ou de haricots blancs à 200 grammes ])ar litre, bouillon de
viande à 2o0 grammes par litre d’eau, additionné de 1 à 12 (► '0
depeptone; mais c’est au bouillon de viande ou d’extrait de viande
peptonisé (]ue l’on doit donner la jn’éférence, parce que le bouil-
lon de viande donnera les meilleures garanties au point de vue de
la conservation des propriétés vitales des microbes et de leur viru-
lence et que, tout compte fait, les cultures obtenues avec ce bouil-
lon ne coûteront pas beaucoup plus cher que celles obtenues avec
les infusions de paille ou de haricots. ■
Quand on considère, en effet, la quantité de microbes produits
dans un temps déterminé, dans un volume égal de chacun de ces
bouillons, on constate que le bouillon de viande donne à peu
près 5 lois autant de microbes que l’infusion de paille et 2 fois
autant que le bouillon de haricots. Or il faut une certaine dose de
microbes pour donner au campagnol une maladie mortelle et nous
avons constaté que, pour obteidr ce résultat, il faut employer la
culture en bouillon de paille telle quelle; que l’on peut diluer de
son volume d’eau la culture en l)ouillon de haricots et de trois
fois sou volume d’eau les cultures préparées avec du bouillon de
viande.
L’eau peut être ajoutée à la culture, sur])lace, au moment de la
préparation des appâts et comme il faut \ litres de liquide pour
Dany=z 4
1
— 50 —
imprégner une quantité de grains nécessaire au traitement d’un
liectare envahi par les campagnols, il faudrait stériliser, ensemen-
cer, cultiver et expédier pour chaque hectare :
1 litres de houillonde paille,
2 litres de bouillon de haricots (plus 2 litres d’eau = 4 litres).
I litre de bouillon de viande (plus 3 litres d’eau = 4 litres).
Pour préparer la môme quantité de microbes il faudrait donc
compter 4 fois plus de frais d’installation, de main-d’œuvre, de
bouteilles et d’expédition pour le bouillon do paille que pour le
bouillon de viande et il est facile de calculer que dans ce cas la
diüerence des frais de fabrication et d’expédition compensera lar-
gement la dilférence des prix de la paille et de la viande.
II n’est pas dit qu’il sera impossible de trouver avec le temps
pour le virus un milieu de culture moins coûteux et présentant les
mêmes avantages au point de vue de la quantité et de la qualité
de microbes produits, mais en attendant c’est le Imuillon de
viande peptonisé qui nous semble le meilleur milieu nutritif pour
la culture du virus.
En résumé, la préparation de cultures microbiennes pour la
destruction de campagnols nécessite les opérations suivantes :
1° Préparation de cultures pures et virulentes pour l' ensemence-
ment du bouillon en bouteilles. — La virulence de chaque culture
doit être vérifiée par des expériences sur des animaux.
2“ Préparation du bouillon de culture. — On mélange dans des
chaudières d'une contenance convenable 10 grammes d extrait de
viande, 15 grammes de peptone, 5 grammes de sel de cuisine et
5 grammes de carbonate de chaux ou de baryum par litre d eau on
cbauüe jusqu’à éliullition en remuant de temps en temps et on ajoute
une quantité suffisante de lessive de soude pour que le liquide
donne une teinte légèrement violacée au papier de tournesol rouge.
3° Distribution du bouillon dans des bouteilles. — On fait cou-
ler le bouillon chaud à 70° environ dans les bouteilles en faisant
remuer constamment le contenu de la chaudière pour <jue la dis-
tribution du carbonate de baryum ou de cliaux soit a peu près
égale dans toutes les liouteilles. Les bouteilles remplies doivent
être boiicliées avec des tampons de coton et recouvertes de capu-
chons en papier.
4° Stérilisation. — Aussitôt remplies et bouchées, les bouteilles
encore chaudes doivent être portées à l’autoclave et maintenues
pendant 30 minutes à 115-120°.
— ol
L'appareil de stérilisation le plus commode pour la stérilisa-
tion des l)outeilios d'un litre est rétuve verticale de Vaillard et
Besson pouvant contenir 105 à 100 bouteilles.
Toute l’opération île la stérilisation, le chargement etledécliar-
gement de l’autoc-lave, la montée et la descente de la température
(<pii doivent êti'c surveillées et réglées avec beaucoup de soin pour
éviter Tébullition du liquide dans les bouteilles), et le chaullage à
115-)20‘’, exige à peu près 2 heures 1/2. En travaillant pendant
10 heures on peut donc stériliser -iOO litres de bouillon par auto-
clave et par jour.
50 Vérifiention dp la stérililé du boniilon. — Les houteilles sor-
ties de l'autoclave doivent être portées dans une chamhi’e-étuve
chaullée à 30-36“ et y séjourner pendant 2i heures. Toutes les bou-
teilles qui présenteraient aloi'S un trouble suspect doivent être
éliminées.
0® Ensemmeemenf. — Pour oldenir en 24 heures des cultures
aussi abondantes (jue possible il est nécessaire d’ensemencer les
houteilles préalablement chaufi’ées à 30“ et d’introduire dans cha-
que bouteille environ 1 cc. de culture.
On peut vérifier avec une exactitude suffisante la pureté de la
culture à l’odorat. Une culture fraîche de virus ne doit pas sentir
mauvais, elle dégage une odeur un peu fade de viande fraîche,
aussi toute bouteille qui sentirait franchement mauvais doit être
éliminée. Le virus conservé pendant plus d’un mois dans des
bouteilles hermétiquement bouchées dégage une odeur un peu
plus forte.
7° llouchage di's houteilips. — Les houteilles ensemencées ne
doivent être bouchées que quelques heures avant leur expédition.
Les bouchons de liège stérilisés cà l’autoclave à 120“ dans un bain
de paraffine nous out donné les meilleures garanties d’une ferme-
ture aseptique et hermétique.
toutes ces opérations doivent être exécutées avec la propreté la
plus minutieuse, dans des h>caux bien clairs <jue l’on doit pouvoir
tréquemment laver avec des antiseptiques pour empêcher le déve-
loppement des microbes, de la putréfaction et des spores de cham-
pignons qui poussent rapidement dans chaque goutte de bouillon
répandu sur les planchers et les parois ou laissé dans les usten-
siles et (pii peuvent se répandie ensuite dans l’air et polluer les
cultures au moment où 1 ou sera obligé d’ouvrir les bouteilles
pour les ensemencer et les boucher.
— 52 —
Cette propreté antiseptique parfaite est d'autant plus nécessaire
que la production est plus considéralde, de sorte que, si l’on ne
dispose pas de locaux convenahlcinent aménagés et d'un personnel
suffisant, habitué à ce genre de travail, on sera à chaque instant
exposé à des accidents qui rendront impossible la production régu-
lière de bonnes cultures, et les résultats que l’on obtiendra seront
très irréguliers.
Jnslructio)ïs pour l'emploi du virus.
Pour détruire les campagnols il faut leur donner le virus à man-
ger, il est donc nécessaire de mélanger les microbes virulents
contenus dans du bouillon avec des appâts appropriés et de
répandre ces appâts dans les champs envahis par les rongeurs.
Nous avons vu plus haut que le bac. ti/plii miiriwn est inoüensit
pour riiomme, pour les animaux domestiques ainsi que pour le
gibier et les petits oiseaux utiles à l’agriculture ; on peut donc
manipuler les cultures et les appâts et les répandre partout sans
aucun danger.
Toutefois, il serait dangereux de manipuler le virus et les appâts
avec des mains présentant quelcjucs plaies ouvertes ou gerçures
parce que le bouillon dans lequel en cultive le virus est aussi un
excellent milieu de culture pour toutes sortes de microbes qui
peuvent exister sur le grain cpii servira d’appâts et que ces micro-
bes pourraient pénétrer dans ces plaies et causer des abcès dou-
loureux.
Préparation des appâts. — Le virus arrive sur place en Imuteil-
les d’environ un litre. Celui que l’on prépare à l’Institut Pasteur
est très riclie en micro])es, on peut donc sans inconvénient le diluer
de 3 fois son volume d’eau salée avant de le mélanger avec le grain
qui doit servir d’appât.
Voici la meilleure façon de procéder :
Dans un baquet en bois ou un vase quelconque en terre, pourvu
qu’il soit très propre, en l)ois ou en fer l)lanc, on verse autant de
fois 3 litres d’eau que l’on veut utiliser de bouteilles de virus et on
ajoute à cette eau 5 grammes (une petite cuillère à café) de sel de
cuisine par litre d’eau.
On doit attendre que tout le sel soit bien dissous et alors on peut
y verser le virus.
Avec cbacpie l)outeille de culture on peut donc préparer i litres
— 53 —
(le lujuicle virulent (]uc l’on doit Iden remuer avec une pelle (piel-
compie et que l’on peut ensuite verser sur le grain préparé
d’avance.
Le meilleur aj)pàt pour les campagnols est de l’avoine fortement
ajdatic, écrasée ou concassée.
Le mélange peut être fait sur un plancher quelconque à la con-
dition (|u’ilnesoit pas imprégné d’un antiseptique (eau de javelle,
sulfate de cuivre). Un verse le liquide virulent sur le grain mis
en tas et on doit remuer le tout avec des pelles de façon à ce (|ue
t(mt le grain soit bien régulièrement mouillé. 11 est nécessaire de
retourner le grain à plusieurs reprises pour lui laisser le temps de
bien s’inqjrégner du liquide.
Pour 4 litres de liejuideil faut prendre 8 kilos d’avoine concas-
sée. Avec 1 bouteille de virus, dilué dans 3 litres d’eau salée
et mélangé avec H kilos de grain concassé, on prépare donc
12 kilos d’appAt prêt à être répandu sur les champs.
Disirihidinn des oppdts dans les champs. — Quand le grain est
bien imprégné de virus, ce qui peut demander 2 à 3 heures, on
jieutles répandre dans les champs.
Pour bien faire cette opération il est néces.sairc de tenir compte
de l’intensité de l’invasion dans les différentes parcelles que l’on
doit traiter, de l’épmpie de l’année, de la nature des récoltes (jui
se trouvent dans les champs et enfin du temps (pi’il fait au moment
du traitement.
Ce sont là toutes choses très familières aux cultivateurs qui com-
prennent tous très bien (jue les façons doivent varier avec la nature
du sol et des récoltes et (jue les récoltes seront plus ou moins
abondantes suivant les conditions dans les(juelles ils ont pu les
préparer.
11 n’en est pas autrement du virus, {]ui donnera des résultats
])lus ou moins satisfaisants suivant (ju’il sera distribué d’une façon
plus ou moins consciencieuse et avec plus ou moins de discer-
nement.
Ln ellet, on ne peut espérer obtenir une destruction rapide et
totale que si la grande majorité de campagnols absorbent un peu
de la préparation virulente, il faut donc avant tout doser la quan-
tité de virus à répandre suivant l’intensité de l’invasion dans cba-
(pic champ. Ensnitc il faut tenir compte de ce fait que le virus est
un niicrobe vivant ({ue l’on ne peut pas exposer trop longtemps
sans danger au soleil et aux intempéries, parce que le S(dcil pour-
rait (lessâcher les appâts virulents et atténuer ou même tuer le
microbe, tandis (pi’uue pluie forte et persistante aurait pour effet
de laveries appâts et d’eutraiuer les microl)es dans le sol.
Euliu, il est nécessaii*e aussi de tenir compte de rabondance et
de la qualité de nourriture que les campagnols peuvent trouver
dans les cluimps au moment du traitement.
Ainsi, pendant toute la durée de la mauvaise saison, du 15 no-
vembre au 15 mars, à peu près, quand il n’y a dans les champs
que des blés nouvellement poussés et des maigres prairies, quand
le soleil ne chaulle jamais trop fort, alors si l’on dispose d’une
journée sans pluie, on peut répandre les appâts en les distribuant
par petites poignées sur les sentiers tracés par les campagnols et
au.x abords de leurs trous ; tandis que dans le courant de la belle
saison et, en général, quand il y aura suffisamment d’herl)e fratclie
dans les ebamps, il sera préférable d’introduire les appâts dans les
trous, où les campagnols les trouveront sans avoir besoin de les
chercher et où le virus sera, en même temps, à l’abri du soleil et
de la pluie.
La quantité de virus à répandre par hectare. — L’e.xpérience
nous a montré que, si l’on veut traiter en totalité l’ensemble d’un
territoire envahi, il faut compter, en moyenne, une bouteille de
viims, soit 12 kilos d’appât par hectare.
Ce n’est là bien entendu qu’une moyenne et si, au lieu de traiter
par exemple tout le territoire d’une commune, les propriétaires
voulaient se borner à préserver certaines cultures, alors il fau-
drait considérer chaque champ en particulier et évaluer la quan-
tité de virus à employer en comptant environ 2 ou 3 grammes d’ap-
pât par trou de campagnol.
Dans ces conditions, certaines régions ou certains champs pour-
raient demander deux et même trois ])outeilles de virus par hec-
tare ; dans d’autres, au contraire, une ])outeille pourrait suffire
pour 2 ou 3 hectares.
Constatations. — Les campagnols ne deviennent malades que 3 ou
4 jours après avoir absorbé l’appât virulent et ne meurent que 2 à
3 jours plus tard.
Il arrive parfois que quelques rongeurs plus sensibles ou ((ui ont
absorlm une grande quantité de virus meurent déjàdansles 48 heu-
res, mais d’une manière générale, la mortalité ne commence à
apparaitre qne 5 jours après le traitement.
Il arrivera au.ssi assez souvent, surtout s’il y a de l’herbe Irai-
— Sa-
che sur les champs, que tous les campag^uols ue mang-erout pas
le grain jn'éparé le jour même du traitement parce qu’une par-
tie de ce grain sera ramassé et mis en réserve dans les magasins.
Dans ce cas, ceux qui auront échappé à la première infection pour-
ront encore devenir malades et mourir par contagion. Il n’est
pas rare de trouver au lal)our plusieurs cadavres de campagnols
réunis dans un nid et parmi ces cadavres quelques-uns à moitié
mangés. Les malades ou mourants sont donc souvent achevés et
dévorés par les survivants et propagent ainsi la maladie.
La propagation de l’épidémie peut donc durer une dizaine de
joui's et le résultat délinitif ne peut être exactement apj)récié (|ue
1.’’) jours après le traitement.
Ou peut constater le résultat obtenu en faisant labourer une par-
tie du champ traité. Si la terre arable n’est pas très [)rofonde et si
l’on peut labourer à Ih à 20 centimètres, on découvrira de place
en place des* nids couteuant des cadavres de campagnols en plus
ou moins grand nombre, mais si le sol est plus profond et assez
meuble, alors les nids peuvent se trouver à 80 et même .^0 centi-
mètres de profondeur et alors le labour ne permettra pas d’éva-
luer la proportion des campagnols détniits.
Dans ce cas, ou dans tout autre cas où uii labour ne serait pas
possible, on peut apprécier le résultat obtenu en faisant boucher
tous les trous de campagnols et eu comptant le lendemain les
trous nouvellement ouverts.
Ou trouve rarement beaucou|) de canipagmols morts à la sur-
face du sol, d’abord j)arce (pie les malades se rassemblent le plus
souvent dans leurs nids et n’ont plus la force d’en sortir et aussi
parce que les cadavres de campagnols morts à la surface sont
ramassés par les chiens, les chats et les oiseaux rapaces.
l’réparation rapide du virus en bidons de ÿ() litres.
Ainsi que nous l’avons vu dans le cbap. Il, en 1912 l’invasion
de campagnols .s’est étendue en France sur plus d’un million
d’hectares.
Pour traiter cette étendue il aurait donc fallu un million de litres
de virus, et comme il n’existait pas d’installation toute prête pour
stéi’iliser une telle (piantité de bouillon en quelques mois, il a été
décidé, sur la demaude de M. Fugène Houx, directeur des sei*\’iccs
.scientiliques du Ministèrede l’agriculture, (Forgariiser à laluUe nue
— 56
ra])i’ication de virus dans les départemeids les plus éprouvés, — en
euipruutaut aux hôpitaux ou au Service de sauté juilitaire les appa-
reils de stérilisation que l’on pourrait trouver sur place.
Voici comment ou .a pu organiser cette préparation après quel-
(]ues études préalables :
Pour simplifier autant que possible toutes les opérations que
nous avons décrites plus liant, on a remplacé les bouteilles par
des pots de fer blanc d'une contenance de 20 litres dont on se
sert communément pour le transport du lait.
Dans chaque bidon on mettait :
17 litres d’eau.
2 kilogs de haricots l)lancs.
750 cc. de peptone liquide.
100 gr. de sel de cuisine.
200 gr. de carbonate de baryum.
Et 7 cc. de lessive de soude à 30° B.
On le recouvrait d’un couvercle garni de coton et on faisait
iiouillir le tout pendant quelques minutes sur des réchauds à gaz.
Ensuite on devait recouvrir l’Ouverture des pots, par dessus
le couvercle garni de coton, d’une feuille de papier assez fort
que l’on pouvait fixer avec une ficelle et on les portait avec le
liquide encore ])ouillant dans une étuve à stérilisation où ils étaient
cbauüés à 115-120° pendant 30 minutes.
Après la sortie de l’étuve on attendait que la température du
bouillon ainsi préparé soit descendue à 40-45° et alors on pouvait
les ensemencer et les placer ponr 24 heures dans une pièce
chauffée à 25° environ. Le liquide conservait assez longtemps
une température suffisante pour le développement de la culture.
On pouvait alors fermer les i)idons avec leurs couvercles et les
expédier.
Les semences étaient fournies par l’Institut Pasteur dans des
tul)cs scellés d’une contenance de 20 cc. eiiviron. On versait le
contenu d’un tube dans chaque bidon.
En suivant minutieusement ces prescriptions et eu prenant soin
de ])ien régler l’étuve à stérilisation de façon à ol3tenir une tempé-
rature d’au moins 1 15° à l’intérieur des l)idons, ou pouvait obtenir
des cultures pures et assez riches en microbes. Le contenu de cha-
que l)idoii pouvait être dilué de sou volume d'eau au momeut de
la préparation des appèts.
Cluujue bidon pouvait donc fournir 40 litres de liquide, soit
une quantité suffisante de virus pour traiter, en moyenne, K) hec-
tares.
Bien entendu, le virus prépare de cette façon ne pouvait pas
être conservé aussi lon.eteinps que le virus eu bouteilles, parce
qu'il n'était pas possible de fermer les bidons d’une façon absolu-
ment aseptique, et il fallait remployer avant que les micro])cs de
l'air n’aient eu le temps d’envabir le bouillon et de s’y dévelop-
per, c'est-à-dire au plus tard 48 heures après l'expédition.
On a pu organiser cette préparation du virus dans 1 1 départe-
ments (Aiii, Aube, Côte d’Or, Doubs, Jura, Haute-Marne, Haute-
Saône, Meuse, Meurtbe-ct-Mosellc, Saône-et-Loire et Vosges) et on
en a coidié la direction à M.M. Forgent, Bazat, Lesage, 1)'' Mandc-
reau. Berner, Boussard, l'Osson, Marangc, D'' Moreyet, Bédaride,
vétérinaires départementaux. Les laboratoires de fortune ont pu
ju'oduire en deux mois environ 270.000 litres de virus et ont con-
tribué dans une large mesure à diminuer les dégâts causés par les
campagnols.
H est intéressant de donner ici à titre de document les résultats
obtenus par le virus préparé de cette façon par M. Berner, vété-
rinaire départemental du Jura.
M. Berner a pu préparer 4.000 bidons de 20 litres, soit une
quantité de .virus suffisante pour traiter 40.000 bectares.
H résulte du rapport qu’il vient de nous adresser et que nous
reproduisons ci-dessous, que cette préparation peut donner d'ex-
cellents résultats (piand elle est bien surveillée et quand le traite-
ment est bien organisé.
Dans la grande majorité des communes traitées M. Berner a
obtenu, en ellet, la destruction presque totale des campagaiols et
les quelques insuccès signalés sont dus uni([uement àTinsuftisancc
de son installation, a une mauvaise exécution du traitement, soit
que le virus n ait pas été employé en temps voulu, ou que les culti-
vateurs se soient bornés à traiter quelques parcelles isolées, entou-
rées de cbamps envabis et non traités.
Voici le texte du Bapport de iM. Berner :
LA DISTRIBUTION DES APPATS
A-T-ELLE ÉTÉ FAITE ?
LES APPATS
ont-ils été préparés
DATE
en commun pour
B 1
NOMS DES COMMUNES
(lu traitement
ous les cultivateurs
Par équipe
Par les culti^
de la municipalité
sous la surveillance
d’un délépué
individueltea
sur leurs pra|
de la municipalité
respectiv»
Âi’clon
J 3-14 oclohi-e
))
))
oui
Vers-sur-Monlagne . •
fin octobre
non
non
oui
Le LaleL
‘ I>
))
»
))
Le Lanlerel
13-14 octobre
non
non
oui
Chapais
14-15 octobre
oui
—
oui
Montrond
24-25 octobre
non
»
oui
Besain
15-21-24 octobre
oui
oui pour les coni-
oui
muiies seule-
ment.
Picarreau
15 octobre
oui
»
oui
Fay-en-Monlagne. . .
18 octobre
non
oui
Fied
17 octobre
oui
)>
oui
La Doyc
17 octobre
oui
—
oui
ChAleau-ChîlIon. . . .
19 octobre
oui
oui
1
Plasne.
en octobre
non
}}
oui '[
i
Ben-elaine
27-28 octobre
oui
))
oui
Chausscnaiis
22-23 octobre
oui
U
oui
Chainole
du 22 au 29 oct.
»
))
oui
La Châtelaine
3 novembre
oui
))
ouF
Pont St-Héi7
22-23 octobre
oui
oui pour les ter-
rains commu-
oui
naux seule-
ment.
A
Fonleny
29-30 octobre
oui
))
oui
OUI
Chilly-sui’-Salins . . .
27-28-29 octobre
non
»
ValcmpouHcrcs . . .
du 30 octobre au
non
))
OUI
7 novembre
du 28 octobre au
oui
»
oui
Lemiiy
3 novembre
OUI
Ivoi-y
29-30 octobre
oui
»
— 59 -
lOtTHANT
surs après
ddu virus
Itrouvé
•8 nids
Uavres
ipflKlU ?
A-T-ON OBSERVÉ
plus de cadavres
de esmpagnols à ta
surface des champs
et des prés
Irailés 8 à 10 jours
après l’emploi
du virus ?
QUELS SONT EN GÉNÉRAL
les résultats obtenus
pour l’emploi du virus
et pouveï-vous indiquer
approximativement
la proportion de mortalité
des camçaÿ^nols résultant
de cette application ?
0BSERVATI03(3
non
Peu appréciable.
Emploi fait 8 jours après expé-
-
non
id.
dilion.
|»0
uji
))
non
75 0/0.
iHir
—
Bons résullals.
—
—
Ne peut préciser
mit
non
SO 0/0.
—
—
.-Appréciable.
Bmii
non
Très appréciable.
Imi
oui
.Ne peut préciser.
mii
oui
Bons résullals.
mii
oui
Bons résultats.
nui
oui
Bons résullals.
nui
oui
•Appréciable.
nui
oui
Bons résullals.
mii
oui
La neige a empêché de
—
oui
vérifier.
Bons résultats.
o>
»
Ne peut préciser.
<»>
»
id.
—
oui
Bons résullals.
non
•Mauvais résultat.
Emploi fait 8 jours et plus après
oui
"20 0, 0.
expédition.
! ““
—
•Neige sur le sol.
t
l.ES APPATS
ont-ils été préparés
en commun pour
tous les cultivalenrs
sous la sui'veillaiice
de la municipalité ?
LA DISTRIBUTION DES APPAT8
A-T-ELLE ÉTÉ FAITE ? 1
NOMS DES COMMUNES
DA 1 E
du traitement
A
Par équipe
sous la surveillance
d’un riéléRué
de la municipalité
Par les cultiJ
individuelle
sur leurs proj
respectin
Champagne
Geraise
28 août,
0-28 octobre
29-30 oclohre
oui
oui
»
»
î
oui
oui
Clucy
2-4-0 novembre
oui
i>
oui
Saizenay
—
non
»
oui
Monligny-sur-l’Ain . •.
21 octobre
oui
))
oui
Bonnefontaine . . . .
2 novembre
oui
»
oui
Annoire
2 novembre
non
»
oui
Chemin
1-2 3 novembre
oui
»
oui
Petit Noir
3-4-0-7 et 8 nov.
oui
))
oui
Perrignv
29 octobre
oui
))
oui j
Lons-le-Saulnier . . .
1 1 novembre
non
»
oui )
V i 1 1 e n e U V e-sous-Py-
mont
28-29 30 octobre
oui
»
oui
Courhouzon
5 novembre
oui
»
oui
■Macornay
8 novembre
oui
non
oui
Messia
15-16-22 nov.
oui
oui
))
Conrians
8 9 10 novembre
oui
oui
oui
Chilly
8-9 novembre
oui
oi.i
—
Gevingey
14 15 novembre
oui
non
oui
Celancev
14 novembre
oui
oui
oui ,
Conrlamine
13 novembre
oui
»
oui
Trenal
14-15 novembre
oui
))
oui
Mallerey
26 novembre
oui
))
oui
BonnancI
26 novembre
oui
»
oui
Sie Agnès
12-13-14 nov.
oui
»
oui
— 61 -
CJRANT
rrs après
QU virus
wouvé
i nids
lavres
E?nols ?
A-T-OX OBSERVÉ
plus de cadavres
de campagnols à lu
surruce des champs
et des prés
trailés 8 à 10 jou;s
après l’emploi
do virus ?
QUELS SONT EN GÉNÉRAL
les résultats obtenus
pour l'emploi du virus
et pouvez-vous indiquer
approximativement
la proportion de mortalité
des campagnols résultant
de cette application ?
OBSERVATIONS
ü
oui
Bons résultats.
—
Impossible de conslaler,
la neige couvre le sol.
id.
—
id.
—
Ne peut préciser.
—
id.
oui
90 0/0.
non
—
peu
On ne peut indi(|uer.
)>
Bon résu liai.
non
Ne peut préciser.
oui
•oO 0/0.
oui
Bons résultats.
non
oui
Impossible d’indiquer le
résultat.
7ü 0/0.
non
Bons résultats.
non
75 0/0.
non
Peu appréciable.
»
id.
oui
Ne peut préciser.
oui
id.
»
Impossible d’apprécier.
1
oui
non
Bons résultats.
62
DATE 1
du traUemeot
LES APPATS
LA DISTRJIÏ-L’TION DES APPAT:
A-T-ELLE ÉTÉ FAiTE ?
NOMS DES COMMUNES
en commun pour
lous les cultivateurs
sous la surveillance
(le la municipalité ?
A
Par équipe
sons la sorreillance
(l’un délégué
de lu municipalité
B
Par le* cuid
indlTÎdaelM
sur leurs pr«|
respecüi'
Vincelles
15 novembre
oui
»
oui
Crusse
25 novembre
oui
1)
oui
Vercia. .
1(5 novembre
oui
oui
))
Orbagna
29 novembre
oui
»
oui
Beau fort
18 novembre
oui
))
oui
Sellières
19-21-22-23 nov.
Municipalité
oui
Fonlainebriil
22 novembre
oui
))
oui
Les Bepôts
25 novembre
oui
oui
»
Larnaud
25 noveinbre
oui
»
oui
St-Germain-les-Arlay .
25 novembre
oui
non
oui
Arlay
5 et 6 novembre
oui
))
oui
Uesnes
21 novembre
non
))
oui
A r bois
28 novembre
oui
))
oui
Chemin
1-2-3 novembre
oui
non
oui
Tavaux
12-13-14-15
et IG novembre
oui
oui
- i
Molay
18-22 novembre
oui
oui
Monls-sous-Vaudrey .
9 au 17 novembre
oui
oui
-
A'audrey
13-22-24-29 nov.
el 4 décembre
oui
oui
no .
Clioisey
10 2I-23-2G nov.
et 10 décembre
oui
oui
»
Archelange
en décembre
oui
oui
i
Rainans
id.
oui
oui
X
La Barre
14 novembre
oui
oui
1
lai Lnye
otii
oui
1
^ievry
15-1()-I7-2G nov.
oui
oui
'
- 63 —
)OÜRANT
cors après
Ida virus
lirouvé
‘B nids
Idavres
kignols ?
A-T-ON OBSERVÉ
plus de cadavres
de campagnols à la
surface des champs
et des prés
traités 8 à 10 jours
après l’emploi
du virus ?
liri
oui
oui
mi
oui
• O
non
mi
oui
mi
oui
iiii
non
mi
oui
1 labours
Its.
non
—
non
»
)»n
très peu
—
quelques-uns
imi
non
11.1 i
oui
iui
—
ui
—
1 labours
its.
—
nui
oui
pas eu
(jour.
—
lui
oui
ui
non
oui
j.ui
non
QUELS SONT EN GÉNÉRAU
les résultats obtenus
pour l’emploi du virus
et pouvez-voos indiquer
approxiniali veulent
la proportion de mortalité
des campagnols résultant
de cette application ?
8/10.
On ne voit presque plus
(le campagnols.
Késiiltals très bons.
lAésnltats presque nuis.
Impossible à fixer.
9;i 0/0.
Bons résultats.
50 0/0.
Bons résultats.
Bésnilat difficile à con-
stater.
Imiiossible ü préciser. On
ne voit plusde campag.
•Médiocre.
Bésultats incertains.
Peu appréciables.
Bons résultats.
Très bons résultats.
•Appréciables.
Bons résultats.
50 0/0.
90 0/0. On ne voit pres-
que plus de campagnols.
Très bous résultats.
Bons résultats.
Résultats passables, arrêts
des dégfUs.
Résultats satisfaisants.
OnSEBVATJONS
— 64
—
f
NOMS DES COMMUNES
DATE
du traitement
LES APPATS
onl-ils été préparés
en commun pour
tous les cultivateurs
sous lu surveillance
de la municipalité ?
LA DISTRIBUTION DES APPATfc
A-T-ELLE ÉTÉ l-'AITE ?
A
Par équipe
sous la surveillance
d’un délégué
de la municipalité
B
Par les caltii
individuelle
sur leurs pr<i|
respective
Monlbarrej
20 21-i2 nov.
oui
oui
))
Villevieux
15 décembre
oui
non
oui
Rulïej
8 décembre
oui
»
oui
Bi'éry
4 6-7-8 -9 déc.
oui
»
oui
Cosgcs
13-14 décembre
oui
oui
—
Quinligny
10 décembre
oui
non
oui
L'Etoilo
oui
»
oui
Plainoiseau
13 décembre
oui
—
oui
Salins
9 décembre
oui
oui
non
Poligny
4-5 décembre
oui
—
oui
Grézon
16 décembre
non
—
oui
Saint LoUiain
6-7 décembre
oui
»
oui
La iMari'e
))
))
))
»
Digna
oui
)>
oui
Ornans
2 aoiit,
oui
—
oui
2 et 9 décembre
Passenans
17 décembre
oui
—
oui j
Villers les-13ois . . .
—
»
»
» i|
An mont
13-14 décembre
oui
oui
”
Sainl-Lamain
17-18 décembre
oui
oui
Ij
non 1
Saint-Didier. .
19 décembre
oui
—
oui 1
Kolalicr
16 décembre
oui
—
oui j
Darbonnay
18-19 novembre
oui
—
oui|
l’annessiôrcs
1*!'' décembre
oui
—
omï
Monlain
23 décembre
oui
—
ouijl
— 65 -
Tarant
Inrs après
ftiu virus
IrroQ ve
M nids
lavres
ÿgnols ?
A-T-ON OnSERVÉ
plus (le cudiivres
(le campnpnols a la
surface des champ.-
et (les pr(is
traités 8 à 10 jours
après l'emploi
du virus ?
QUEI.S SONT EN GÉNÉRAL
les résultats olUeous
pour l'emploi du virus
et pouvez-vous indiquer
; approximativement
la proportion de mortalité
des campapnols résultant
de cetle application ?
OlîSERVATIONS
lin
Uabour)
il
oui
oui
Bons résultats.
Bons résultats, 80 0/0.
oui
50 0/0.
na
l.laliour)
1)
non
Bésultat négatif.
•
lii
oui
50 0/0.
—
Bésultats incertains.
••
—
Bésultats satisfaisants.
■üabour
non
Douteux.
H
non
Résultats excellents.
—
Résultats presque nuis.
ü
1)
non
Impossible d’apprécier les
résultats.
Les résultats ne peuvent
être appréciés.
Résultats médiocres.
N’a pas traité en raison de la
neige.
»
Les résultats ne peuvent
être appréciés.
1 i
—
Résultats passables.
aabour
—
Impossible d’apprécier.
i
oui
00 0/0 de mortalité.
i Labour
î • •
néant
Les résultats n'ont jm être
constatés.
2/5 de mortalité.
!
oui
Résultats satisfaisants.
i : •
—
Résultats de peu de consé-
quence bien que réels.
Danysz
î)
66
!
LES APPATS
ont-ils été préparés
en commun pour
tous les cultivateur.-;
sous la surveillance
de la raunicipaliré ‘î
^
LA DISTRIBUTION DES APPATS
A-T*ELLE ÉTÉ FAITE ?
NOMS DES COMMUNES
du traitemenl
A
Par équipe
sous la surveillance
d’un délégué
de la municipalité
B
Parles cnltivaii
individuellell
sur leurs propi
respectives
Monlry
20 au 28 déc.
oui
oui
non
Toulouse
19-21 décembre
oui
oui
non
Villers-Farla}’
23-24 décembre
oui
oui
non
Lombard
21-22-23 déc.
oui
non
oui
iMonay
24 décembre
oui
non
oui
Pagnoz
en oct. et déc.
—
oui
oui
Mouchard
24-20 décembre
—
oui
oui 1
Yillerserine
26-27 décembre
oui
—
T
oui i
Grange-de-Yaivre . . .
27-28 décembre
oui
—
oui. f
f
Bausne
20 décembre
non
oui
non
Ecleux
24 décembre
oui
oui
non
Frontcnay
24 décembre
oui
non
oui
Champagne ......
28 décembre
oui
non
oui 'i
Lavigny
)}
»
»
>»
Cerlémery
))
oui
oui
»
Cliarnblay
2 janvier 1913
non
—
oui
Domblans
du 29 décembre
oui
oui
— I
Le Yernois
au 2 janv. 1913
28 décembre
non
non
oui II
Yoileur
23 au 2.J déc.
oui
oui
* r
Comice de Sl-Ajnour .
)J
oui
oui
^ 1
Sainl-Julien
»
non
non
)> 1
1
— 61 -
:îBAr*T
■s 8 après
Il vtnis
rcouvé
nids
T»res
xnols ?
A-T-ON OBSERVÉ
plds dv cadavres
de t^nmpiignnls à. bl.
surface des champs
et des prés
traités. & ài 10 jours
après li'emploL
du virus ?
QUELS SONT E.N GÉNÉRAL
les résultats^ ohlenus
pour Ifemptor du virus
et pouvez -vous, indiquer
up proxi mal i veinent
ia pruportion. de‘ morlulit'è'
des cumpn^nolfl résultant
de celie application ?
OaSBHVA*TJOr(S
ikboiir
oui
Hésultals cencluanls.
il. coup
oui
Les résu liais pourront être
constatés ullêrieure-
incnt quand les Bîtbours
seront efleclués.
80 0/ü.
oui
3i/-i.
ihboiir
1
«Ibnur
non
oui
Hésullîits peu apprécia-
bles.
Impossible de constater
les résultats,
id.
•
—
id.
t
quebiues cada-
vres sont re-
marqués,
non
id.
Faible mortalité.
1 ccoup
—
Bons résultats, 90 0/0.
hboiir
oui
TrailcmenI efficace.
—
W 0/0.
)>
Très bons elfets.
•
Il bour
»
a -uns
1 ‘bour
oui
Bésultals médiocres.
Bons résiiUals.
On ne peut indiquer une pro-
portion;.
■ -
—
Résrrffafs rneerfains.
■ .....
l< bour
'
yy
»
Résultats diffictlemienil
appréciables, les champs
n’ajuni pu être labon
rés à cause du mauvais
temps.
Excellents.
ii '
)»
Contrarié par les pluies,
retard ; on ne peut se
prononcer.
•-
68
LES APPATS
ooUils été préparés
LA DISTBIBUTION DES APPA
’ A-T-ELLE ÉTÉ FAITE ?
NOMS DES COMMUNES
du traitement
en commun pour
tous les cultivateurs
sous la surveillance
de la municipalité ?
A
Par équipe
sous la surveillance
d’un délégué
de la municipalité
B
Par les cuit
individuell
sur leurs prt
respecU
Monligny-les-Ai’sui'es .
»
oui
oui
)>
Malhenay
»
oui
oui
))
Brainans
»
oui
))
»
Sl-Cyr
))
D
))
»
Tourmont .
*>
oui
non
oui
Biefmorin
9 janvier
oui
oui
»
Molamboz
3 et 4 janvier
oui
oui
»
Gray et Charmey . . .
»
oui
oui
»
Bruvilly
))
oui
oui
Loisia
1)
oui
oui
))
Auger
»
oui
non
D
Loulle
25-27 janvier
non
non
)'
Les Arsures
))
oui
non
»
Oussières
15 janvier
oui
non
V
Les Bouchoux
»
oui
oui
i
M. Berner a donc pu produire du virus pour 131 communes et il
a été constaté que, sur les 83 communes qui ont pu vérifier les
résultats obtenus, 63 accusent des résultats satisfaisants et 20 des
résultats insuffisants. On peut admettre la môme proportion de
k
(39 —
rORANT
nra après
J virus,
Trouvé
nids
livres
ignols ?
aal)Our
•laljour
labour
liinhour
luboiir
]■
|:i3boiir
a-t-on odsehvé
pics lie cadavres
de campagnols à la
surface des champs
et des prés
trailés 8 à 10 jours
après l’emploi
du virus ?
QUEI.S SONT EN GÉNÉKAE
les résultats obtenus
pour l’emploi do virus
et pouvez-vous indiquer
approximativement
la proportion de mortalité
des campagnols résultant
de cette application ?
OBSERVATIONS
»
On ne voit plus de cani-
pagnols depuis le Irai-
icmenl.
»
Très satisl'aisanLs, 93 0/0.
))
Satisfaisants.
))
))
2 traitements : celui de
l’Institut, bons résul-
tats : pas de résullals
apparents pour celui du
département.
N ’a P as do n n é 1 es résu 1 1 a t s
attendus.
))
»
On en voit moins ; diffi-
cile il apprécier.
Traitement fait i jours après
expédition»
oui
13 0/0.
oui
.Mortalité 2;3.
U
Excellents résultats.
oui
On ne peut encore se pro-
noncer.
oui
Impossible de rien fixer.
oui
1/-4 mortalité parce que
beaucoup de propriétai-
res n’ont pas traité.
))
Il n’a produit aucun effet
dans les maisons où il
a été mis en grande
quantité.
oui
On ne peut se prononcer.
succès, soit 70 0/0 dans les 44, communes qui n’ont pas pu faire de
vérifications suffisantes. Une seule commune annonce des résultats
nuis.
70 —
Résultats obtenus par le traitement au virus.
L’emploi du bac. Itjphi niurium à la destruction de camjjagnols
s'est généralise en F rance surtout depuis le commencement de l’an-
née 1004.
A cette époque l’attention du Ministère de l’Agriculture avait été
attirée sur cette question par une invasion qui s’étendait sur près
de 50.000 hectares autour d’Aigre, en Charente et le Ministre a
décidé de procéder à une expérience publique qui devait permet-
tre de juger si les cultures de ce microbe pouvaient être employées
avec succès pour combattre cette invasion.
Voici dans quelles conditions cette expérience avait été faite, et
quels résultats elle a donnés.
Lettre du Directeur de l’Institut Pasteur
au Ministre de l’agriculture.
« Monsieur le Ministre,
« Vous avez bien voulu me demander si l’Institut Pasteur était
â même de détruire les campagnols qui ravagent actuellement
certains de nos départements, en leur communiquant une mala-
die infectieuse.
« Je vous ai répondu que l’Institut Pasteur préparait des cultu-
res d’un microbe (1) capable de tuer les campagnols qui l’ingèrent
que les expériences an laboratoire avaient constamment réussi,
mais qu’il nous était difficile d’affirmer qu’il en serait ainsi en
pleins champs, et que, pour se rendre compte de ce que le pro-
cédé pourrait donner dans la pratique, il était nécessaire de l’es-
sayer sur une grande étendue de terrain. J’ajoutai que l’expé-
rience devait être conduite sous la surveillance du Ministère de
l’Agriculture, sur un territoire choisi par lui. et que l’Institut Pas-
teur fournirait les quantités de virus nécessaires et un personnel
compétent pour en surveiller la manipulation.
« Vous avez bien voulu entrer dans ces vues, et vous avez dési-
gné M. de Lapparent, Inspecteur Général de l’Agriculture, pour
tracer le programme de l’expérience, d’accord avec l’Institut Pas-
teur.
(1) .1. Danysz, Maladies contagieuses des animauæ nuisibles. Bergcr-
Lcvraull, t89.'i, et J. Danysz, Un microbe pathogène pour les rats. Annales
de l'Institut Pasteur, t!)01.
— 74 —
« Notre collègue, M. Chamberlond, chef de Service à l’Institut
Pasteur, a l)ien voulu se charger de la direction de l’expérience.
« J’ai l'honneur de vous transmettre le rapport rédigé par
Chamberland.
Extrait du rapport de M. Ch. Chamberland,
Clief (te Service ù rinslilul Pasteur.
« Le terrain choisi par M. de Lapparcnt représentait une surface
de 1.200 hectares emiron, s’étendait sur les communes d’Aigre,
Oradour et Mous (Charente). Il est limité vers Oradour par un
ruisseau bordé de marais, sur une longueur de 5 kilomètres envi-
ron, et sur les portions d’Aigrc et de Mons, par des routes. Ces
limites ne constituent pas des obstacles suffisants pour s’opposer
aux migrations des campagnols, mais la grande étendue du ter-
rain traité permet de considérer la partie périphérique comme
formant une zone de protection pour le centre, véritable champ
d'cxjîéricnce.
« En parcourant ce teri’ain, on constate que les ravages poi-tcnt
sur toutes les cultures : Céréales, prairies naturelles ou artificiel-
les, luzerne, sainfoin, jachères, vignes (surtout pour les petites
parcelles isolées au milieu des champs), topinamhour, bf>is, etc.,
mais leur importance est variable. Les campagnols se sont atta-
qués d’abord aux racines et aux graines ; les semailles d’automne
ont été entièrement détruites ; les luzernes et prairies naturelles,
richesses de cette région laitière et heurrière, sont totalement
dévastées. On remanjue partout, surtout dans les prairies et les
jachères, de nombreux trous d’où partent de petits sentiers très
frayés (pii constituent les chemins pareourus par les campagnols
lorsqu’ils sortent de terre.
<( i.’expéricnce a commencé le 27 jativicr 1904. Le virus était pré-
paré à l’Institut Pasteur dans le Laboratoire de M. Danysz. Le
milieu de cidturc est un houillon de viande rendu neutre et pep-
toné a 1 0 0. Les bouteilles de l)ouillon sont ensemencées parle
virus, et laissées à l’étuve pendant 12 à 15 heures. Puis les bou-
teilles sont bouchées et expédiées en grande vitesse sur le lieu de
1 expérience. Elles sont utilisées dès le lendemain ou le surlende-
main au plus tard, de sorte que tout le virus a été employé à l’état
frais.
n —
Résuhats constatés à cc jour.
« 1° Expériences de laboratoire . — A chaque expédition de virus
on faisait un petit prélèvement de virus qui était donné à manger
sur du pain à trois souris ijlanches. Toutes ces souris ont succombé
après trois à six jours, sauf une seule qui a résisté. L’autopsie et
la culture ont montré qu’elles avaient succomljé au virus.
« 2° Constatations sur les champs traités. — Les premières cons-
tatations ont été faites le 7 février, dans les champs traités en pre-
mier lieu, soit 12 jours après le traitement. A ce moment, on
remarque que l’aspect extérieur des champs est très différent de
ce qu'il était ; les petits chemins frayés et parcourus par les cam-
pagnols paraissent abandonnés ; l’iierhe commence à y repousser,
et très fréquemment on observe que les trous sont voilés à leur ori-
fice par une toile d’araignée, ce qui donne l’impression que les
campagnols sont morts, ou du moins ont abandonné ces parages.
« Ce jour, 7 février, on défait une vieille meule de foin datant de
deux ou trois ans placée au milieu des champs et dans laquelle on
remarque de uomlireux trous de campagnols. Du pain et de
l’avoine contaminés avaient été répandus autour de la meule. On
trouva 48 campagnols dont 47 morts récemment, et un seul vivant.
L’autopsie et la culture de 6 campagnols pris au hasard montrè-
rent que les animaux avaient succombé au virus.
« Le 8 février, on défait une autre meule de paille d’avoine
située sur Ouradour et traitée avec de l'avoine depuis six Jours
seulement . Cette meule est récente ; elle date de la fin de l’au-
tomne dernier, et les liottes de paille dont elle est formée parais-
sent fraîches. On y trouva 5 campagnols vivants et pas de morts.
Cette meule, peu habitée comme on le voit, était placée dans le
voisinage des habitations, et on ne remarquait pas dans les alen-
tours, les petits chemins frayés ordinaires des campagnols. Les
ü campagnols vivants, ou bien ne sortaient pas et trouvaient leur
j)as encore eu le temps de produire son ellet. Cette seconde hypo-
thèse ne peut pas être admise. En etlet, dans un champ situé a
100 mètres environ de la meule, traité le même jour, avec de
l’avoine également, on trouva, en labourant loO mq. environ,
six campagnols dont 5 morts et l vivant. Luis, en touillant un tas
de mauvaises herbes près du talus de la route voisine, traitée aussi
pai* de Tavoine, on trouva un uid de 9 cauipaguols tous morts et
pas de vivant.
« Il est donc à peu près certain que les 5 campagnols trouvés
vivants dans la meule n’élaient pas sortis pour manger les appâts.
« Le 8 février également, dans un cham]) traité avec du pain
depuis 12 jours, on fait quelques raies de charrue qui amènent la
découverte de trois nids renfermant respectivement 8, i et i cam-
pagnols tous morts.
« Sur un l)ord de route on pioche 4 ou 5 mq., et on trouve
3 campagnols morts dont un partiellement dévoré.
« En piochant dans un champ isolé au milieu des vignes (on a
été obligé de piocher, parce (juc la charme no pouvait fouiller
assez profondément par suite des i‘ochei‘s), champ traité depuis
neuf jours avec de l’avoine, on a découvert trois nids renfei’inant
12 canqiagnols mords. Dans toutes ces foitillcs on n’a pas trouvé un
seul campagnol vivant.
« Comparaison avec un champ lémoin no7i frai/é. — Il était
rtécessaire, pour la rigucitr de la démonstration, d’exanriner ce
qui s'était passé sur les champs voisitts non traités. Otr choisit à
cet effet un champ en nature de jachère situé à environ 500 mètres
de la route fornrant bordure des champs traités. On laboura envi-
ron 170 nrq. dans lescpicls on trouva 23 cairrpagnols vivairts, sans
un seul mort. Ce chillVc correspond à 1.350 campagnols à l'hectare.
« Expérience sur les trous des cainpagnols. — Sur un chanrp,
entouré de vignes, de 1 hectare environ on conrpta, dès le déhrrt,
le rromhre des trous. Ce norrrhre fut trouvé de 12.484. ()n boucha
tous ces troiui en foulant le sol avec le talon. Deux jours après on
compta le nomhiM' des ti’ous réouverts fraîchement. Ce nombre
fut de 1.304. On traita alors ce champ avec de l’avoine imprégnée
de virus, et en mettant de ])référence les [)incées d’a[)pAts près
des trous. Huit jours après, les campagnols devant être morts en
grande proportion, on boucha de nouveau les trous. Enfin deux
jours plus tard, on compta les trous fraîchement réouverts. On
n’en trouva plus (jue 37. Cette diminution dans le nombre des
trous avant et après le traitement, donne une idée assez approxi-
mative de la diminution des campagnols dans les cbanq)s.
« Conclusion. — En résumé, des observations que nous venons
de raj)porter, il résulte que 10 à 12 jours après le traitement, les
campagnols sont morts sur les champs traités, dans la j)roportion
de 95 0 0 environ. Cn. Chambkrland.
w 11 n'est pas douteux que dans cette expérience, l’épandage du
virus sur les champs n’ait amené la destruction presque complète
des campagnols qui les infestaient. 11 est vrai que ces rongeurs,
ayant dévoré presque tout ce qui était à leur portée, se sont jetés
avidement sur les appâts contaminés qui leur ont été otlérts.
Dans quelques semaines, il sera fort intéressant de voir si, la
végétation ayant repris sur le territoire traité, celui-ci est envahi à
nouveau par des campagnols venus du voisinage. M. Metclmikoff,
Chef de Service à l'Institut Pasteur, se rendra dans les premiers
jours do mars dans le canton d’Aigre pour faire des constatations
à cet égard, et je m’empresserai de vous communiquer ses obser-
vations.
« Les résultats seraient-ils aussi satisfaisants dans d'autres con-
ditions de terrain et de saison ? On ne pourra le savoir que par
des expériences variées et multipliées. 11 y a donc un grand inté-
rêt à les poursuivre. C’est seulement quand elles seront réalisées,
qu’il sera possible d'apprécier les bénéfices que l’agriculiure peut
retirer de l’emploi du virus contre les rongeurs.
« Chaque fois qu’un territoire important est envahi par les cam-
pagnols, il ne faut pas compter sur les efforts des particuliers,
pour venir à bout de ces rongeurs. Les uns traitent leurs champs,
les voi.sins ne font rien, et presque toujours le virus est mal
enqjloyé. 11 faut, jjour obtenir un résultat, que tout le terrain
envahi, soit traité en peu de jours, et pour cela il est nécessaire
que tous les cultivateurs agissent ensemble. 11 nous send^le que
ce sera le rôle des professeurs d’agriculture, de provoquer 1 union
des agriculteurs et de diriger la campagne. C’est seulement dans
ces conditions que la lutte peut être efficace. M. Prioton, profes-
seur départemental d’agriculture, a donné en Charente, l'exemple
qu'il conviendra de suivre à l’avenir.
« Les élèves des Ecoles d’agriculture sont les moniteurs tout
désignés, pour conduire les é<]uipes sur les terres. Nous pensons
que daus l’avenir, il ne faudrait pas attendre que les ravages
.soient aussi étendus pour intervenir. L’aitention des Professeurs
<ragriculture doit être attirée sur la pullulation des rongeurs, et
aussitôt qu’ils auront constaté (pi’ils se multi])lient dune fa(:on
anormale, ils provoqueront les mesures nécessaires à leur des-
truction avant (pie l’épidémie locale ne devienne un véritable fléau.
« Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, 1 hommage de mon
respect. Emile Roux.
N.-B. « Malgré le grand nombre de pci-sonnes employées à la
manipulation du virus, pendant plus de huit jours, aucune d elles
ii’a été incommodée. Les volailles et les animaux domesticjues
n’ont pas souüert de l’épandage du virus en grande <piantité dans
les champs ».
A la suite de cette démonstration il a été traité autour d’ Ai-
gre et Üradour, sous la direction de .M. Prioton, du 10 mars au
9 avril de la même année (1904), 17 communes comprenant ensem-
hle 18.980 hectares et on a obtenu sur cette vaste étendue les
mêmes résultats (pi’à Aigre.
Ihîsuite, pour donner satisfaction à certaines réclamations, le
ministre de l’agriculture a ordonné des expériences comparatives
pour la destruction de campagnols par le virus et par la strych-
nine considéré, à juste titre, comme le poison le plus actif que 1 on
pouvait préconiser dans ce but.
Voici le Cünq)te rendu de ces expériences organisées par
M. de Lapparent, inspecteur général <le l’agriculture et présenté
par lui au ministre le 22 janvier 190o.
Expérience de Sai/U-Jniien de iEscap.
« .Monsieur le Ministre,
« Conformément à vos instructions, j’ai organisé, dans la Cha-
rente-Inférieure, des expériences comparatives pour la destruction
des campagnols par le virus <le l’Institut 1‘astcur et par la noix
vomique. ,
« J’ai eu (juel(|ue peine à trouver deux territoires de oO hectares
voisins où il n’eiit pas été fait de traitement à la noix vomique par
les proj)riétaires sur (piehjues parcelles isolées. Obligé de renon-
cer à en découvrir dans l’arrondissement de la Bochelle, oîi l’en-
goiiment pour ce traitement est général, et ayant d’ailleurs acejuis
la conviction que de ce côté, ou n’arriverait pas à modilier l’opi-
nion quel que fût le résultat des expériences comparatives ; j’ai dû
me rabattre sur la région de St-Jean d’Angély, bien que l’invasion
y présente une moins grande intensité. C’est dans la commune
de St-Julien de l'Escap, près du hameau de la Grande Elie que
deux su})crficies de 50 hectares, séparées par une distance sufli-
sante, ont été délimitées, ainsi que l’indique le plan ci-joint. Toutes
les dispositions ayant été très bien prises par M. Guyonnet, profes-
— 76
sein* spécial à St-Jean d’Aiigély, il s’est occupé dans la journée du
samedi 29 décembre, en compagnie de MM. Dubourg, Pivoton et
Lavaron, professeurs départementaux et de M. Perrier de la
Batbie, professeur spécial, de faire la préparation des appâts à la
noix vomique. iM. Dubourg (jui avait procuré ce produit, après en
avoir fait contrôler la teneur en strychnine par l’analyse, a dirigé
lui-même cette préparation. Elle a demandé 4 cbautfes à 3 chau-
dières contenant en moyenne 50 litres, soit en totalité, 12 chauf-
fes de 1 heure 1/2 chacune. La décoction de 50 kilogs de noix
vomique a permis de préparer 500 kilogs d’avoine aplatie Cette
avoine a été répandue à la volée dans la matinée du vendredi 30
par deux équipes de 25 personnes sur les 50 hectares désignés,
sous la direction de MM. les professeurs, qui recommandaient de
forcer la main dans les parties contaminées.
« Pendant cette opération on procédait à la préparation de
600 kilogs d’avoine aplatie au moyen de 72 l)outeilles (de 75 c.) de
virus.
« L’épandage de cette avoine a été fait dans la soirée du même
jour, sur l’autre territoire de 50 hectares. Je dois dire que, si les
quantités répandues moyennement à l'hectare ont été à peu près
équivalentes à celles employées pour la noix vomique dans toute
la partie située au nord du chemin de la Touzellerie, elles ont été
notal)lenient supérieures dans la parcelle située au sud de ce che-
min. Le jour déclinant ne permettait pas la surveillance absolue
des distrihuteurs, dont plusieurs, pour avoir plus vite fini, for-
çaient notablement la main. Néanmoins, l’étendue où il y avait
parité (20 hectares environ) était largement suflisante pour que les
conclusions à tirer des constatations ultérieures ne puissent être
faussées.
Constatations.
Trai/emenl au virus.
« 1° Un premier labour sur une surface de 3 ares au lieu dit la
Marquetterie dans un jeune sainfoin appartenant a M. Jouliu,
maire, a mis à découvert 6 nids contenant respectivement 8, l -i, 6,
8, 7, 2 morts, soit au total 45 morts et l vivant.
« 2" Un deuxième lal)our sur une surlace de 1 are au lieu dit la
Champagne dans un terrain rocailleux, inculte appartenant a
— / / —
M. Martin a donné : 1"’ nid 4 morts, 2"^ nid 1 mort, au total o morts.
« En présence de ces résultats concluants la commission n’a pas
cru devoir poursuivre ses investig-ations sur le terrain traité au
virus Danysz.
Traitement à la noix vomique.
« 1° Sur une surface de 3 ares, occupée par un jeune sainfoin
appartenant à M. llilairet à la Chagnie, le lalmur a donné le résul-
tat suivant ;
morta vivants
l®'’ nid 0 0
2« — 1 0
— l 0
4“ — 0 0
Total ... T T
« 2“ Champ inculte à la Vallée Moreau surface 3 ares.
morts vivants
1®*‘ nid ü 2 mulots
2" — . . . . 0 I —
3“ — U 0
3 mulots
« 3>^ Labour. Vieille luzerne à la Vallée Moreau, 3 ares. Pro-
priétaire Drahonnet.
morts
1
0
1
2
2
1®'' nid
2e
3® —
4® —
3® —
Total
vivants
0
0
0
0
0
ir
« 4° Labour. Champ inculte à la Vallée Moreau, 1 are 5. Pro-
priétaire M. Albert.
vivants
1®‘‘ nid
2<‘
3® —
Total.
morts
7
0
0
T
1
0
0
T
— 78 —
« 5° Labour. Jeune sainfoin à la Chagnie, A ares. Propriétaire
M. Martin.
morts vivants
1®‘' nid
2e
8“ —
—
<S« —
9“ —
Total.
4
0
2
2
0
1
1
1
1
\2
1
0
0
2
1
0
campagnol
1 mulot
0
I
b
« Les recherches ont été faites plus nombreuses dans la partie
noix vomique parce que les résultats donnés par les premiers.
lal)ours étaient insuffisants et qu’il était difficile par suite de les
comparer avec ceux obtenus par le virus.
« La noix vomique a donc donné 21 campagnols morts sur 31 , soit
une destruction de 70 0/0, tandis que le virus a donné 4o morts
sur 46, soit une destruction de 98 0/0.
Oiseaux.
« Les oiseaux trouvés morts sur le territoire traité à la noix
vomique dans les recherches des 31 décembre et 3 janvier se
dénombrent de la façon suivante :
« 6 pies, 10 alouettes, 20 verdiers, 2 corbeaux, 1 mésange,
1 pinson, soit un total de 40 oiseaux comptés.
Observations sur le terrain non traité.
« Un premier labour effectué dans une chaume sur une surface
de 3 ares à 100 mètres de la portion traitée au virus a donné
7 vivants (campagnols). Un deuxième lal)Our pratiqué dans un
jeune sainfoin on partie détruit à 300 mètres de la partie empoi-
sonnée à la noix vomique sur une surface de 3 ares a mis à décou-
vert 2 campagnols vivants.
« Dans ces deux observations aucun cadavre de campagnol n a
été trouvé ».
Signé ; De 1..\.1'i>.\.ue.\t.
— 71) —
A titre de document, il nous semble intéressant de reproduire
encore ici le rapport de M. Gillin, professeur départemental d'agri-
culture du Puy-de-Déme sur les résultats obtenus par le traite-
ment au virus dans 13 communes en 1909, ainsi ({ue la copie d’un
rapport adressé au Ministre île l’agriculture par M. Guerrapain,
directeur des services ag'ricoles du département de l’Aisne.
Rapport de M. Gillin.
.NO.MS DES GOMMU.NES
(dép. (lu Piij-cJe-üùine)
NOMBRE
de bouteilles
de virus
employées
RÉSULTATS
obtenus
dans les prés
RÉSULTATS
obtenus
dans les terres
labourables
liesse
i-i-i
Bons.
Bons.
Cliambon-sur-Lac. . .
•2H)
Salisfaisanls.
Salisfaisanls.
Mazoires
11
Bons.
Bons.
.\jdat
11
Très satisfaisants.
Très satisfaisants.
La Cliapelle-.Marcoiisse.
312
Très lions.
Très bons.
Coudes
48
On n’a pu encore
s’en rendre compte.
Olloix
9G
Exeellenls.
Excellents.
Saulzet-le-Froid. . . .
144
Desiniction du 1 /3.
Desiniction du 1 /3.
Aiirières
288
Assez bons.
Bons.
La Godivelle
24
Bons.
id.
La Tour-d’.\uvergne
44
id.
id.
Tauves
120
id.
id.
Montpeyroux
24
id.
id.
Fait à Clermont-Ferrand
le 16 novembre 1909
Rapport de M. Guerrapain, directeur des Services agricoles de l’Aisne.
Barenton-fJuf/mf. — Quatre caisses de virus avaient été directement com-
mandées à 1 Institut Pasteur le mercredi 30 octobre, avant la réception de
la circulaire du 31 octobre, portant instructions pour les commandes de
virus.
)
— 80 —
Les quatre caisses sont arrivées à Barenlon-Bugny le lundi 4 novembre
dans l'après-midi.
Dès le lendemain matin, je procédais moi-mème à la préparation des
appâts avec du personnel mis à ma disposition par M. le Maire de Baren-
ton-Bugny.
Ces appâts se composaient de 250 kilos d'avoine aplatie et 250 kilos blé
mélangés, pour 45 bouteilles de virus (les 2 caisses ouvertes ne conte-
naient, en elfet, ensemble que 45 bouteilles).
Le tas a été laissé en repos pendant 3 heures et à 2 beux’es de l’après-
midi, une équipe, composée d’une promotion de 15 élèves-maîtres de
l’Ecole normale d’instituteurs, que j’avais fait venir pour une application
pratique, et 40 femmes et enfants, soit 55 personnes, procédaient, sous
ma direction, h la distribution des appâts.
La provision en avait été prévue pour un premier traitement de 50 hec-
tares environ ; mais comme des terres récemmentremuées pour l’arrachage
des betteraves et le semis du blé, présentaient moins de terriers, une éco-
nomie d’appâts s’est trouvée réalisée et on a pu couvrir 75 hectares envi-
ron d’un seul tenant.
Les appâts ont été déposés par pincées au bord des terriers et sur les
passages battus des rongeurs.
L’épandage a eu lieu dans les meilleures conditions, par un temps bru-
meux, avec pluie très fine ou plutôt un fort brouillard. Il n’a pas plu dans
les quelques journées qui ont suivi.
Il fut décidé, en raison de Turgence, que les deux autres caisses de virus
disponibles ne seraient pas employées le lendemain, comme prévu, mais
qu’elles seraient immédiatement réexpédiées à Leuze où des dispositions
avaient été prises par M. Béranger, professeur d’agriculture, pour un trai-
tement le jeudi 7 novembre, sur une superficie de 50 hectares.
Les résultats obtenus à Barenton-Bugny, à la suite de ce premier trai-
tement, furent très satisfaisants. Ils sont consignés dansle rapport annexe
de M. Béranger, que j’avais chargé d’un second traitement sur le même
territoire.
Laon, Ie20 janvier 1913.
Le Direcleiir des Services agricoles de l'A isiie,
Signé: A. GuHiutAPAiN.
Trailemenl des campagnols par le virus.
Dans toutes les opérations que j’ai dirigées, l’avoine aplatie a servi d’ap-
pât après avoir été imprégnée de virus dans des bacs ou des cuves pour
éviter les pertes de liquide.
La préparation des appâts a toujours été faite dans la matinée avec des
précautions minutieuses (dosage, pelletages, obscurité) et je les ai fait
— 81
répandre dans l’après-midi par le personnel mis en suffisance à ma dispo-
sition.
Partout les appâts ont été semés régulièrement par pincées tous les deux
ou trois pas, par l’équipe marchant de front entre deux lignes de jalons,
chaque opérateur étant distant de ses voisins d’environ 3 mètres.
Cliaque fois que cela a été possible, j’ai limité l’opération par des che-
mins et je me suis appesanti à faire traiter les talus etle[)ied des haies de
clôtures
Sauf à Leuze, le ciel a toujours été couvert et brumeux.
Leuze.
TruilcmenI du 7 novembre avec deux caisses virus sur les quatre caisses
arrivées à Barenton-Bugny le 4 noveml)re. Elles furent employées les 7 et
8 novembre sur environ 30 hectares de pâturages.
Les résultats m’ont été communiqués le 22 novembre. La proportion des
terriers nouvellement fréquentés n’était que de 1/2 0 0 (un sur 198 en
20 mètres de superficie). L’activité du virus semble donc plus durable qu’on
ne l’annonce.
Bureltea.
»
Traüenienl du 1 3 Horrntre avec une caisse. Surface traitée 23 hectares
en cultures variées.
Traitement du 23 novembre avec deux caisses. Surface traitée 30 hectares
environ, à la suite du premier traitement. Le même jour unevieille luzer-
nièrede 42 ares est défrichéedans le jiremier centre ; le versoiramèneà la
surface les cadavres de campagnols groupés (3 à 10, on en compte un
paquet de 14) la charrue n’en déloge plus de vivants.
Monceau-sur-Oise.
Traitement du 27 Hom/iire avec deux caisses. 33 hectares environ cultures
variées. L’invasion est plusgénérale mais moins intense que dans les com-
munes précédentes.
•\ la date du 24 décembre, M. le .Maire m’avise que l'invasion dans les
emblavures est manifestement arrêtée.
Lesgnielles-Sainl- G mnain .
1 raitement du. 28 novembre avec deux caisses. 43 hectares environ cultu-
res variées, 'frès forte invasion; les taupes abondent dans les terres de
labour et leurs galeries servent de couloirs aux campagnols.
Danysz 0
Trailemenl du 18 décembre avec trois caisses. 70 hectares à la suite.
Le 27 décembre je constate que l’invasion est aussi forte dans le pre-
mier centre, en bortlure d’une fondrière boisée qui avait été négligée.
Dans la partie la plus éloignée, 100 terriers sont bouchés d’une poignée
de terre, 8 s’ouvrent à nouveau. Dans la partie traitée le 18 décembre, je
bouche le matin du même jour 30 terriers dans un herbage et 50 autres
dans un escourgeon qui avait été fort malmené. Aucun ne s’ouvre dans le
pâturage, 8 sont encore fréquentés dans l’escourgeon (IG 0/0).
Saint-Michel (Les Watines).
Traitement du 11 décembre. — Deux caisses sur 50 hectares de pâturages.
Je ne compte le 24 décembre qu’un seul ouvert sur les 1 16 terriers qui
avaient été clos la veille sur 20 mètres carrés.
Heaume.
Traitement du 12 décembre avec 2 caisses. 45 hectares environ de pâtu-
rages disposés en cuvette. A la date du 3 janvier l’adjoint faisant fonc-
tions de maire m’écrit que tous les terriers de la partie basse sont déser-
tés, mais que ceux des parties hautes sont encore habités, probablement
par réinvasion car la partie moyenne est également purgée.
Harenton-Buipiif.
Trailements des 19 et 20 décembre. 4 caisses. 2 ont été employées sous ma
surveillance : le retard dans les expéditions ne m’a pas permis de suivre
l’emploi des deux autres le lendemain.
Pendant l’imbibition de l’avoine, je me suis rendu sur les lieux traités au
début de novembre parM. Guerrapain, directeur des Services agricoles de
l’Aisne, la réinvasion par la périphérie était choquante. Le traitement
devant être fait à coté du premier, j’ai fait reprendre une bande de
50 mètres sur la partie déjà traitée en novembre par M. Guerrapain.
Le 7 janvier je fais clore 100 terriers au centre premier traitement,
50 sur la partie doublée et 100 au centre du second traitement. J’ai eu
resp'^ctivement les sorties 4, 2 et 5 soit les proportions de 4 0 '0, 4 O'O
et 5 0/0.
. 1 uluois sous- fjoon ( Pu isieu.'ié) .
Traitement du 21 décembre avec 2 caisses. 45 hectares environ d embla-
vures sur betteraves sucrières.
'Traitement des 26, 27 et 28 décembre avec 4 caisses, dont .1 employées
sous ma surveillance. Au total 1 10 hectares lu/.ernières et emblavures.
83 —
Le dO janvier le régisseur le mieux à même de me renseigner (tors des
labours de semaille il faisait suivre chaque brabant d’un gamin auquel il
donnait 1/2 centime par campagnol tué à la baguette) m’annonce que les
terriers sont ouverts sur luzernière dans la proportion d’un peu plus de I 0/0
et dans les emblavures de près de 7 0/0. Il attribue cet insuccès relatif à
la re.ssource qu’olTrent les collets de betterave comme nourriture et chemi-
nement sous terre.
Cette observation confirme celle relevée à Lesqiiielles dans l’escourgeou
qui, lui aussi, était sur betterave à sucre.
I.,aon, le 20 janvier 1912.
Le Professeur d' agriculture de Vervins,
Signé : Béranoer.
Rapport sur les mesures prises dans l’arrondissement de Château-
rhierry (Aisne) pour combattre les campagnols.
L’apparition des campagnols dans l’arrondissement de Château-Thierry,
remonte au couro de l’été de la précédente campagne.
L’invasion qui est restée limitée à des surfaces assez restreintes sur
quelques points du territoire, s’est surtout généralisée sur le territoire des
communes de Beuvardes, Epieds, .Mont-Saint-Père, Villeneuve-sur-Fère,
en contaminant les surfaces suivantes : *
1' Beuvardes 900 hectares
2" Epieds 450 —
Sur ces 450 hectares sont compris 200 hectares formant la plus grande
partie des terres de la ferme de la Cense à Dieu commune de Mont-Saint-
Père, l’ensemble de ces terres en deux tenants, étant à cheval sur les deux
communes d’Epieds et de .Mont- Saint-Père, soit 25 hectares sur Epieds et
175 hectares sur .Mont Saint-Père.
.3“ Villeneuve-sur-Fère . . . .300 hectares.
Enûn les traitements pourraient être utilement entrepris en continuant
sur le territoire de la commune de Fère-en-Tardenois, limitrophe de la
commune de Villeneuve-sur-Fère.
Les premièresconslata tiens ont été faites sur la commune de Beuvardes.
ILes premières applications de virus y ont été pratiquées le 13 décembre
seulement par suite d’un retard apporté dans l’exjîédition des premières
caisses demandées. La prolongation des délais de livraison demandée par
le Laboratoire des virus a quelque peu reculé l'époque de la deuxième
aapplication.
Les deux applications ont permis d’utiliser 8 caisses et de traiter près de
— 8-4 —
200 hectares seulement sur les 900 hectares qui constituent la surface
totale contaminée.
Sur la commune d’Epieds, constatations faites le 8 décembre et unique
application, le 26, de 5 caisses seulement, sur une surface de 120 hectares.
Poui' la ferme de la Cense à Dieu, commune de Mont-Saint-Père, une
seule caisse a été utilisée pour traiter 25 hectares de cette ferme situés sur
la commune d’Epieds et faisant suite au territoire contaminé de cette der-
nière commune. Enfin, sur la commune de Villeneuve-sur-Fère. aucun
traitement n’a pu être effectué jusqu’alors, la provision de virus, mis à
notre disposition pour l’arrondissement étant épuisée.
En ré'umé, actuellement, nous avons employé 14 caisses sur une sur-
face de 340 hectares environ, il reste à traiter 1.450 hectares répartis dans
les communes énoncées, savoir ;
700 hectares sur la commune de Beuvardes, 330 hectares sur les commu-
nes d'Epieds et de .Mont-Saint-Père, 300 hectares sur \a commune de Ville-
neuve-sur-Fère, et 120 hectares sur la commune de Eère-en-Tardenois.
Les constatations de l’effet produit par le virus sur les campagnols,
n’ayant pas encore été faites d’une façon suffisamment complète, le détail
des résultats obtenus fera l’objet d’un prochain rapport complémentaire
qui sera envoyé ultérieurement.
Château-Thierry, le 31 décembre 1912.
Le Professeur d'af/riculture.
Signé : Hoc.
Rapport complémentaire sur les résultats obtenus dans 1 application
des traitements contre les campagnols dans l’arrondissement de Châ-
teau-Thierry.
Dans un précédent rapport je signalais l'importance de 1 invasion des
campagnols dans l’arrondissement de Château-Thierry qui, actuellement,
contamine le territoire entier d’une commune, celle de Beuvardes, et une
grande partie de celui des communes limitrophes : Epieds, \illeneuve sur-
Fère, Mont-Saint-Père, Fère-en-Tardenois.
Les traitements ont été pratiqués sur 360 hectares environ, conformé-
ment aux instructions du Laboratoire des virus de l’Institut Pasteur.
Les résultats obtenus sont satisfaisants, sauf cependant en ce qui con-
cerne la ferme de la Cense à Dieu, commune de Mont- Saint-Père, où la
destruction n’a pas été aussi radicale.
Dans toutes les autres situations, les cadavres des campagnols ont été
trouvés nombreux et groupés surtout dans les parties du terrain, les plus
élevées, les plus saines du territoire envahi et traité, quelques cadavres
dans les galeries.
Les traitements n’ont pu être achevés faute du virus sultisant et il reste
— 8o —
encore lAOO hectares susceptibles de recevoir l’application du virus.
Cette application se fait d’autant plus nécessaire, que les intempéries
sur lesquelles il était permis de compter au commencement de l'année, ne
sont pas venues contribuer à la destruction des rongeurs.
L’excès d'humidité dans les terrains très mouillants, a, en quelques
endroits, chassé les campagnols. Cependant il est à craindre que si les
traitements ne sont pas continués à bref délai, il y aura une nouvelle prise
de possession du territoire expurgé par les campagnols des parties conta-
minées qui n’ont pas été traitées, et cela d’autant plus facilement que ces
parties, surtout dans la communede Heuvardes, constituentun seul tenant.
Dans cette région, où les ravages sont très accusés sur les blés d’au-
tomne notamment, il y aurait urgence à continuer les traitements com-
mencés. Ces traitements pourraient toujours s’étendre sur 700 « SOO hecta-
res au moins.
Les cultivateurs qui avaient commencé les traitements, et ceux moins
favorisés qui avaient pris toutes leurs dispositions pour traiter et qui n’ont
pu recevoir de virus, sont dans la désolation. Ils ont insisté vivement et à
plusieurs reprises pour qu’il soit fait droit à leurs demandes et assez tôt
pour que les applications puissent être faites en temps utile, c’est-à-dire
dans le plus bref délai possible.
Château ïbierry, le 30 janvier 1013.
Le frofesseur d'agriculture,
Signé : Hoc.
Imi résumant toutes les donuées que nous avons pu recueillir
depuis le commeuceiueut de l’auiiée 1004 jusqu’à la fin de 1912,
nous constatons que pendant ces 9 années on a traité au virus en
France près de 000.000 hectares envahis par les campagnols et
d’après les constatations faites soit par les professeurs d’agricul-
ture, soit par nous môme on peut évaluer à 80 0/0 la proportion
de résultats satisfaisants et à 20 0/0 celle des résultats incomplets.
La proportion de 20 0/0 de ces insuccès partiels est encoi’e
beaucoup trop forte pour une méthode (jui peut et devrait tou-
jours, sans aucune exception, donner des résultats excellents, c’est-
à-dire une destruction pratiquement complète des campagnols
dans les champs traités.
Nous en avons fait venir, pour nos expériences de laboratoire,
des milliers de toutes les contrées oi’i les invasions se produisent
plus ou moins fréquemment et nous n’en avons pas trouvé un seul
qui ait résisté à l’ingestion d’une petite quantité de culture viru-
lente. Nous pouvons donc affirmer avec certitude qu’il n’y a pas en
France de campagnols réfractaires au virus et les insuccès ne peu-
— 86 —
vent être dus cju’à des accidents ou à nue mauvaise organisation
du traitement.
l^irmi les accidents il faut indiquer les fortes pluies qui peuvent
survenir au moment de la distril)ution des appâts et les détrem-
per ou les mélanger avec la terre, les Imndes d’oiseaux ou les trou-
peaux de moutons qui peuvent enlever une bonne partie du grain
répandu si on les laisse aller sur les champs traités le jour même
ou le lendemain du traitement. 11 est évident que dans tous ces cas
la quantité de produits virulents deviendra insuffisante pour pro-
voquer la destruction complète des campagnols.
Parmi les causes d'insuccès qui peuvent provenir d’une mau-
vaise organisation du traitement, la plus fréquente est la trop
longue conservation des appâts préparés qui, mis en tas ou con-
servés dans des sacs ou des tonneaux, peuvent être envahis par des
cultures d’autres microbes qui affaibliront ou même détruiront le
virus, ou encore l'application du traitement sur de petites parcel-
les isolées et entourées de champs également envahis par les cam-
pagnols.
Dans ce dernier cas les champ:^* traités sont rapidement envahis
de nouveau et il devient très difficile d’apprécier les résultats que
Je traitement a pu donner. Les cultivateurs, trompés par la présence
de quelques campagnols vivants sur les parcelles traitées, en con-
cluent trop hâtivement que le traitement n’a produit aucun effet.
En résumé, les résultats obtenus par l’application du virus sur
(iüO.ÜOO hectares dans les conditions les plus diverses de saison et
de température, dans toutes les régions de la France, aussi bien
dans les plaines du Nord que sur les hauts plateaux de la Savoie
et du centre, nous permettent d’affirmer que le virus produira tou-
jours l’effet désiré quand il sera préparé par un personnel com-
pétent, et qui aura à sa disposition une installation et un outillage
convenables et (piand tous les cultivateurs intéressés veilleront
avec soin à la bonne préparation et distribution des appâts.
- 1
CHAPITHb] Vil
ORdAMSATlON DK LA DKSTRUCTION DKS CAMl'AUNOLS
Hien (|u’il soit possible d’atteiiulre et de détniiec les campagnols
<‘11 tonte saison etcpiel que soient leur nombre, la nature et la quan-
tité de nourriture que ces animaux trouverimt dans les cbani])s, il
n'en est pas moins évident que le traitement sera d’autant plus
eflicace que les campagnols mettront plus d’empressement à man-
ger les appAts (ju’on leur aura distribués et d’autant plus économi-
<pie ({lie l’espace à traiter sera plus restreint.
Ces deux conditions se trouvent généralement réalisées pendant
l’biver, delà lin d’octobre au commencement de mars et, dans cer-
taines régions, jusqu’à la fin de mars.
C’est donc pendant cette époque de rannée que les cultivateurs
devraient visiter leurs champs, les bords des routes et meme (]uel-
<pies terrains incultes et procéder à la destruction des campagnols
partout oii ils verraient des sentiers et des trous fréquentés.
S’il n’y a pas d’invasion proprement dite, on ne trouvera alors
<[ue quelques nids de campagnols sur les bords des routes ou des
fossés ou dans de vieilles prairies artificielles ou naturelles et le
traitement de ces foyers ne demandera ([u’une bien petite dépense
de travail et d'argent.
On peut affirmer qu’une commune de 1 .000 ou même l.oOO liec-
tares aurait tout au plus à faire, dans ce cas, la dépense de 24 l)ou-
teilles de virus et de 200 à 250 kilos d’avoine, ce qui reviendrait à
peine à 10 c. par hectare.
Imi répétant cette opération chaque année pendant 3 ou 4 ans
de suite, ou tout au moins chaque fois que des taches à campagnols
appréciables seraient signalées, on pourrait avoir la certitude de
conjurer a tout jamais les apparitions de ces grandes invasions
— 88 —
qui, lualgTé remploi de moyens les plus elTicaces, causeront tou-
jours des dommages considérables.
Cette inspection des champs en hiver et le traitement préventif
devraient être pratiqués dans toute la région à campagnols que
nous avons indiquée sur la carte n° 10.
Dans certains départements plus particulièrement menacés par-
les invasions, les directeurs des services agricoles ont conseillé aux
cultivateurs de créer dans chaque commune un syndicat de 'des-
truction de rongeurs.
Voici les statuts d’un de ces syndicats constitué dans la com-
mune à'Héricorirt du département de la Haute-Saône.
Syndicat de destruction des rongeurs. Constitution du syndicat.
« Article 1®*’. — Il est formé entre les propriétaires et cultivateurs de la
commune d’tléricourt qui adhéreront aux présents statuts un syndicat de
lutte contre les rongeurs, conformément à la loi du 21 mars 1884.
Art. 2. — Cette association prend le titre de « Syndicat de destruction
des rongeurs de la commune d'IIéricourt ». Son siège est où habite le pré-
sident. Sa durée est illimitée. Elle commencera le jour du dépôt légal des
statuts.
Art. 3. — Le syndicat a pour but :
I® De mettre à profit les découvertes provoquées par M. le Ministre de
l’Agriculture pour procéder à la destruction des rongeurs (souris, mulots,
campagnols) qui dévastent les cultures.
2o D’organiser méthodiquement celte destruction en procédant ù des
traitements d’ensemble sur les territoires contaminés, ces traitements
d’ensemlde étant les seuls qui puissent mettre à l’abri des réinvasions
ultérieures.
3® De rassembler tous les intéressés pour pratiquer rapidement et dans
les meilleures conditions possibles de réussite les traitements d’ensemble
reconnus efficaces.
4® De faire auprès de M. le .Ministre de l’Agriculture les démarches
nécessaires pour obtenir gratuitement le virus indispensable.
Adminislralion.
.Vrt. 4. — Le Syndicat est administré par un bureau composé de 3 mem-
bres, élus pour deux ans.
Un Président, un Vice-Président et un Secrétaire.
Ces fonctions ayant un caractère de dévouement sont absolument gra-
tuites.
— 80 —
\|.t. 5. _ oès que les dégills notables fui sont signalés, le Président,
d’accord avec ses collègues du bureau, réunit les membres du syndicat
afin d'arrêter les mesures à prendre pour enrayer le mal.
Art. G. — Il fait auprès de l’Administration les démarcbes nécessaires
pour l’exécution de ces mesures et il organise les traitements d’ensemble
avec le concours gratuit de tous les intéressés.
Art. 7. — Pour l’exécution de ces traitements d’ensemble, les membres
du syndicat s’engagent ;
P' fournir, dès la réception du virus, des quantités d’appàts (pain
rassis, blé ou avoine, aplatis) proportionnelles à leurs surfaces cultivées.
.V prêter un concours pratique ou pécuniaire à la surface qu’ils pos-
sèdent dans la région envahie par les rongeurs pour rap|)lication du virus.
3“ A se conformer à toutes les décisions de l’Assemblée générale. »
Le Présidetd du Si/ndicat,
Peiidiuzet.
Ou ne saurait trop encourager la formation <le telles associa-
tions, partout où les invasions des campagnols se produisent de
temps à antre. Nous l’avons vu dans le chap II et cartes X° I à 10,
les grandes invasions reviennent tous les trois ou (juatre ans dans
certaines régions, tous les huit ou dix ans dans d'antres.
Les dommages causés par les campagnols pendant une grande
invasion peuvent être évalués en moyenne à 30 francs par hectare,
donc à 50.000 francs pour une commune de 1.000 hectares (voii*
chap. Il), et cela malgré l’efficacité des moyens que l’ou aura
employés pour les détruire, parce (jue on ne jiourra jamais détruire
les rongeurs le jour même de leur apparition et (pi’il faudra au
moins un grand mois pour organiser et appliquer le traitement. —
A cette perte de 50.000 fr. il faudra encore ajouter 5 à 0.000 fr.
pour l’achat des poisons, des appAts et pour payei- la main-
d'œuvre.
Or nous avons vu plus haut qu’en procédant avec méthode
chaque hiver ou chaque printemps à la destruction systématique de
campagnols même pendant 10 années de suite, une commune de
1.000 hectares aurait dépensé un millier de francs en tout et se
serait épargné une perte de 50.000 francs tout au moins.
Les cultivateurs de toutes les communes comprises dans la région
à campagnols (carte n° 10) devraient donc constituer des syndi-
cats de destruction de rongeurs et ces syndicats devraient fonc-
tionner d’nne façon constante. Les membres du bureau de ces
syndicats devraient visiter soigneusement chaque année, avant le
— 90
mois de mars, le territoire de leur commune et prendre les mesu-
res nécessaires pour traiter les parcelles habitées par les campa-
gnols avant la reprise de la végétation au printemps.
En procédant de cette façon les cultivateurs pourraient avoir la
certitude d’empêcher les grandes invasions et d’éviter les domma-
ges qui en résultent.
^ r: r
W
CHAPITRE VIII
RÉSUMÉ
1® II y a on Erauce plus de 2.000 (l) communes, réparties dans
i4 départements, dans lescpielles nous avons constaté la présence
de campagnols. Ils occupent g-énéralement les vallées et les coteaux
les plus lertiles, cultivés en céréales, betteraves et prairies arti-
ticielles.
Leur nombre peut varier beaucoup d’une année à l’autre. 11
uug’uiente généralement de mars en novembre et diminue pendant
la mauvaise saison, mais s’il y a pendant deux ou trois années de
suite dos hivers assez doux, sans gelées brusques et sans inon-
dations, alors ils apparaissent pendant la belle saison en nombre
incalculable, et détruisent toutes les récoltes. Les dommages peu-
vent atteindre alors jdusieurs centaines de mille francs par com-
mune.
Dans les territoires à campagnols on a donc à craindre des inva-
sions partielles plus ou moins étendues tous les deux, trois ou
quatre ans, tantôt dans une région, tantôt dans une autre, suivant
les conditions ebmatériques plus ou moins favorables et, tous les
neuf ou dix ans, de grandes invasions générales qui peuvent
s’étendre sur des milliers de kilomètres carrés et atteindre d’une
fa(;on passagère des terrains où normalement les campagnols ne
trouvent pas de conditions favorables à leur développement.
C’est ainsi que depuis vingt ans, nous avons eu en France une
grande invasion générale de campagnols en 1893-1894, en 1904-
1905 et en 1912-1913 et dans les intervalles de petites invasions
pai-tielles chaque année.
D’après les données, encore très incomplètes, (juenous avons pu
(1) Nous ne comptons ici que les coniinuiics qui se sont depuis vingt ans adres-
sées à l’Institut Pasteur pour demander des renseignements sur lu destruction
des campAgnols.
— 9^2 —
recueillir depuis ces dernières vingt années, on peut évaluer les
doininag'es causés par les campagnols en France au moins à oO mil-
lions de francs par an, en moyenne.
2° Jusqu’à ces derniers temps il n’y avait en France rien de
prévu ni d’oi’ganisc pour combattre ces invasions. Il n’y avait
môme pas d’expériences qui auraient permis d’apprécier avec cer-
titude la valeur réelle des moyens de destruction préconisés.
C’est seulement en 1904 que de telles expériences avaient pu
être organisées grâce à l'initiative de M. Mougeot, alors ministre
de l’agriculture. Ce sont les expériences d’Aigre et de Saint-Julien
d'Escap décrites en détail p. 58 et 6J. Elles ont permis de constater
que le virus bien préparé et bien appliqué a produit une mortalité
de 95 à 100 O/O tandis r|ue le traitement aux poisons et en parti-
culier à la noix vomique, le plus actif de toutes les substances
toxiques que Ton peut pratiquement employer en grand, n’a pu
donner cju’une mortalité de 70 0 0. Ces expériences ont montré,
en outre, que le virus est absolument inotfensif pour tous les ani-
maux autres que les petits rongeurs, tandis que la noix vomique
a tué en môme temps de nombreux oiseaux utiles.
3° Pourtant, employée en grand, la méthode biologique a donné
dans certains cas des résultats assez variables. Sur 600.000 hecta-
res traités au virus depuis 1904 on a constaté des insuccès dans la
proportion de 20 0/0. Sur 120.000 hectares le virus n’a pas donné
les résultats que l’on était cependant en droit d’en attendre. Nous
avons vu en effet (Cbap. VI) , qu’il n’y a pas en F rance de campagnols
réfractaires au virus ; le produit cpii a donné des résultats satisfai-
sants sur 480.000 hectares aurait donc dù nécessairement agir de
la même façon sur les 120.000 autres hectares, s’il avait été pré-
paré et appliqué dans les mêmes conditions, et ces conditions ne
peuvent être ni irréalisables ni même difficiles à réaliser, puisque
elles ont pu l’être dans la grande majorité de cas.
Les insuccès constatés ne peuvent donc en rien diminuer la
valeur de la méthode parce qu’il est évident que les causes de ces
insuccès doivent être unic[uenient attribuéesàquelquesdétails d’exé-
cution, soit dans la préparation des bouillons de culture, soit dans
la préparation et la distribution des appâts, et non pas à la nature
môme du virus.
Jusqu’à présent ces accidents étaient inévitables. Si, en etlet, nous
possédons actuellement un produit assez perfectionné pour détruire
les campagnols, il faut encore cpie ce produit soit convenable-
ment fal)riqiié et ])ien appliqué pour produire tout son eüét, et
nous n’avons pas encore d’organisation suffisante pour faire l’im et
l’autre, pour mobiliser rapidement tous les éléments de la lutte
quand il s’agit de combattre les grandes invasions, de traiter pres-
que en même temps des centaines de communes dans 20 ou 30 dépar-
tements à la fois, comme cela s’est produit en 1912-13.
Pour répondre à de telles éventualités, nous ne disposons pas
encore d’installations capables d’assurer une production régulière
de virus eu quantité suffisante et dans les départements il n'y a
pas assez de personnel compétent pour diriger ou surveiller les
traitements. — Il arrive donc que, pour répondre aux ])esoins les
plus pressants, pour sauver ce (]ui reste encore des récoltes, ou
fait (juelquefois plus de mal que de luen. On organise à la luUe
des installations de fortune, on n’a j)lus le temps ni de contrôler
assez rigoureusement tous les produits cpii entrent dans la compo-
sition du virus, ni la richesse et la pureté des cultures microbien-
nes et on impose, aussi bien dans les -laboratoires (jue dans les
campagnes, une besogne écrasante à un personnel trop restreint.
C’est ainsi par excm])lc que l’on a imposé aux vétérinaires dépar-
tementaux chargés de la fabrication de virus en 1912 un travail
de 12 à 11 heures j>ar jour pendant deux à trois mois, sans un
seul jour de repos eten plus de leur service normal, — et aux pro-
fesseurs d’agriculture de diriger le traitement dans 10 ou 15 com-
munes à la fois. — Et si on a obtenu eu 1912 partout des résul-
tats conq)arables à ceux consignés dans le rapport de M. Berner
(20 insuccès sur 131 communes traitées) c’est uniquement grêce à
l’admirable dévouement du personnel scientifique des départe-
ments sinistrés (vétérinaires départementaux et professeurs d'agri-
culture) et aussi gréce à la valeur réelle de la méthode (pii, mal-
gré des conditions de travail aussi défectueuses cpie possible, a
permis de sauver une grande partie des récoltes en 1912 et de pré-
server presque partout les récoltes de 1913.
-4° Boni* venir en aide aux cultivateurs éprouvés le gouverne-
ment a lait voter parles Chambres par deux fois des sommes assez
importantes : 295. OOO francs en 1904 et 250.000 francs eu 1912,
donc en tout 5io.000 francs à répartir entre les cultivateurs de
2.000 communes jilus ou moins dévastées par les campagnols.
Cela ferait donc, en moyenne 270 francs }>ar commune pour une
période de 9 ans, c est-a-dire bien peu de clujse pour cbacjuc
cultivateur éprcjuvé. 11 n est pas douteux (|ue cette somme
— 94 —
d’argent relativement importante aurait pu être Ijien mieux uti-
lisée.
I^n consacrant par exemple 200.000 francs à rinstallation d’uu
laboratoire pour la fabrication des virus dans des conditions con-
venables et en quantité suffisante pour combattre les plus grandes
invasions qui pourraient se produire en France, et <à peu près
autant à payer les frais des études systématiques, des expérien-
ces, conférences et démonstrations dans les régions envahies, on
arriverait certainement en peu de temps à augmenter sensible-
ment les rendements des récoltes et probalilemeiit aussi à préve-
nir les grandes invasions une fois pour toutes.
5“ Pour organiser cette lutte systématique il suffirait, ainsi que
nous l’avons indiqué dans le chapitre Vil, d’étendre à tout le ter-
ritoire à campagnols les mesures prises déjà depuis 1904 dans un
certain nombre de départements ; de former dans toutes les commu-
nes de ce territoire des syndicats de destruction des rongeurs et
d’exécuter scrupuleusement les ordonnances adoptées, c’est-à-dire
faire visiter par des délégués, en novembre et décembre, tous
les champs cultivés ou incultes, les bords des routes, talus, fos-
sés, etc... ; de noter les parcelles habitées par les campagnols et
de traiter ces parcelles le plus tôt possible et en tous cas avant
le mois de mars.
Pour ces traitements préventifs, destinés à détruire les quelques
centaines de campagnols qui peuvent exister dans les champs
d’une commune en temps normal, l’Institut Pasteur peut préparer
un virus en gélose qui peut être expédié par la poste et peut garder
toute son activité pendant au moins un mois.
Les cultivateurs ne seront donc pas obligés de l'employer aussi-
tôt après sa réception ; ils pourront choisir les moments les plus
favorables pour effectuer le traitement, mais il est de la plus
haute importance de ne pas laisser sans traitement le plus petit
foyer avant la fin de l’hiver, sans quoi les campagnols se multi-
plieront pendant la belle saison et deviendront innombrables à la
fin de l'été.
TABLE DES MATIERES
\
Pages
Introduction'. — Les campagnols 1
Chapitre premier. — Caractères zoologiqucs et classilicalion
Chapitre II. — Importance des dommages causés par les campagnols . 8
Chapitre 111. — Distriliution géographique 46
Chapitre IV. — Les déplacements 30
Chapitre V. — Les moyens de destruction 37
Les poisons 38
Les gaz Ioniques iO
Les inconvénients des poisons -41
Chapitre VL — De l'emploi de cull tires des microbes pathogènes ... -42
BacUlus ti/p/ii muriiim, type D 43
Virulence 44
Préparation du virus en grand 48
Instructions pour l'emploi du virus .32
Préparation du virus en bidons de 20 litres 55
Késultats obtenus par le traitement au virus 70
Chapitre VIL — Organisation de la dcslruction de campagnols . ... 87
Chapitre VIII. — Késumé 91
LAVAL. — imprimerie !.. UARNÉOUD ET C>».